Samedi 1er mars

A l’arrivée à l’aéroport de Nantes, l’enregistrement des bagages du vol Royal Air Maroc est suspendu. Nous nous approchons des guichets. La file d’attente est conséquente et avance par à coups. La vétusté des installations de l’aéroport semble être à l’origine de ce désordre. Pour les pro Notre Dame des Landes, c’est du pain béni, mais cela n’entame pas les convictions de notre ami François pour le retrait de ce projet de nouvel aéroport.

Pour rattraper notre retard, le Boeing 737 met plein gaz. Nous atterrissons à Marrakech avec une grosse demi-heure de retard.

Malheureusement les formalités douanières pour rentrer sur le territoire marocain nous font perdre, à nouveau, une heure. Les douaniers s’absentent, refusent les changements de files, tergiversent. Il faut un coup de gueule de nos compagnes pour se faire tamponner le passeport.

Ali, notre guide, nous attend dans le hall. Il commençait à s’inquiéter de notre absence. Notre taxi nous attend pour rejoindre Telouet, base de départ de notre randonnée dans la vallée de l’Ounila.

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Ali AHDADI: notre guide              Kasbash de Telouet                                                                                Façade de l'auberge de Telouet
                                                                                                             

Je mets les pieds, pour la première fois, au Maroc. En traversant la banlieue de Marrachech, je découvre, effaré, les conditions de travail et d’environnement des ferronniers et des mécaniciens. Le taxi slalome entre les deux roues et les charrettes tirées par des mules. Les camions, lourdement chargés, grimpent péniblement la route en lacets vers le col de Tichka. Puis la nuit tombe lorsque nous abordons la descente. Nous bifurquons sur une route très abîmée, en direction de Telouet, au cœur du pays Glaoua. Une vingtaine de kilomètres de bosses, d’ornières, de secousses pour arriver à l’auberge. Nous déposons nos bagages dans nos chambres respectives et nous descendons, vu l’heure tardive, à la salle de restaurant. Nous dégustons un tajine de légumes accompagné de brochettes de volailles. Quelques musiciens et chanteurs locaux viennent apporter une ambiance festive à ce repas convivial qui augure un séjour plein de promesses.

Après les premières présentations d’Ali sur notre périple dans la vallée de l’Ounila, nous regagnons nos chambres pour une première nuit au pays des berbères Chleuhs.
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Dimanche 2 mars

Avant de partir sur les sentiers, nous faisons connaissance avec nos deux muletiers et notre cuisinier. Trois mules nous accompagnent pour transporter l’avitaillement et les bagages. Ali, guide officiel de la Kasbah de Telouet, nous invite à le suivre pour une petite leçon d’histoire sur la famille du Glaoui et de ses forteresses. Après un droit d’entrée de 20dh, nous pénétrons dans la Kasbah. Ô merveille, mes yeux s’écarquillent devant tant de beautés : des murs et des plafonds de stuc finement ciselés, des zelliges (carreau d’argile émaillée) aux dessins géométriques multicolores, des portes peintes et ouvragées.
La lumière pénètre au travers de fenêtres grillagées dans les appartements familiaux : salle du thé, salle de la favorite, salle du harem ……….

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Appartements du Glaoui dans la casbah de Telouet                              Détail d'un mur en stuc ciselé

Nous retraversons le village pour emprunter un petit sentier. Les amandiers sont en fleurs. Des bouquets de fleurs blanches qui s’épanouissent au milieu d’une richesse géologique insoupçonnée.

Les grès rouges, les calcaires blanchâtres, les basaltes noirs, les granites rosés et les schistes verdâtres se succèdent par couches ou par plaques sur les parois rocheuses. Un trésor de minéralogiste.

Pendant que notre caravane muletière prend les devants pour préparer la pause méridienne, nous crapahutons sur des sentiers caillouteux. En bourrasques folles, le vent soulève des nuages de poussière. Nous nous retournons pour éviter la projection des particules de sable. A l’approche d’une maison isolée, les chiens aboient. Ali est sur ses gardes. Il les redoute et il les craint. Nous sommes rejoints par le gardien de la mine de sel. Elle est creusée dans la montagne. Nous pénétrons à l’intérieur d’une vaste cavité dont tout le chlorure de sodium a été extrait. La roche est à nu. Au fond de la caverne, seul un pan de mur encore blanc permet de prélever d’infimes quantités pour des besoins ponctuels (alimentation du bétail). Auparavant les caravanes se chargeaient, au passage, de cette denrée précieuse pour l’amener vers Marrachech ou vers le sud saharien. Elle faisait la richesse du pacha de Telouet. On disait qu’un kilo de sel équivalait à un kilo d’or.
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Dans une petite oasis de verdure, nos compagnons de route ont préparé le déjeuner. Le thé à la menthe est servi. Assis sur des nattes, nous savourons les plats de crudités, de pâtes, de sardines et de mandarines. Mais tandis que la petite troupe se restaure et farniente, nos trois mules en profitent pour se faire la malle. Nous retrouverons un des muletiers avec les trois fugueuses quelques kilomètres plus loin. Elles n’ont pas traîné en route, au vu de la distance parcourue.

Après le village d’Anmiter, le sentier en balcon domine l’oued Ounila. Les maisons construites avec les matériaux environnants se fondent telles des caméléons dans la montagne. Beige d’un côté de l’oued, elles sont brun ocre de l’autre. Entre les deux, le vert des parcelles cultivées et les panaches blancs des amandiers. Nous passons près d’un moulin à eau alimenté par la dérivation d’un canal d’irrigation. Puis, un peu plus loin, les femmes de Tighza lavent le linge dans la rivière et l’étendent sur les rochers chauffés par l’ardeur du soleil. A 1900 mètres d’altitude, notre gîte d’étape nous attend, au cœur du village de Tighza.

Sur la terrasse orientée plein ouest, nous profitons du soleil couchant pour rêvasser, jouir de la gentillesse et de la sympathie des marocains, autour d’un thé à la menthe et de petites gâteries (biscuits, cacahuètes).

Le soleil décline et disparaît derrière la montagne. La température extérieure chute brutalement. Chacun regagne sa chambre pour retrouver un moment de quiétude.

Pour le repas, Ali nous introduit dans un petit salon chauffé par un brûleur à gaz. En ces hautes altitudes, la nuit est frisquette. Entre la soupe marocaine et le tajine, nous abordons une discussion sur nos passions de collectionneur : vases pour les uns, livres ou montres pour les autres, tout y passe, même celles surannées comme les timbres postaux. Une infusion de verveine et une partie de cartes viennent clore cette première journée.

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Lundi 3 mars

Nous laissons les sacs de voyage dans les chambres car la journée est consacrée à une boucle autour de l’Adar Aglagal. Sous un ciel bleu azur, nous traversons le village précédés par un des muletiers sur sa mule. Ali a pris les devants au cas où Marie-Claire, fraîchement remise d’un mal de dos, serait gênée dans sa progression. Le sentier grimpe le long d’une ravine vers le sommet de la montagne. Les genévriers aux troncs noueux poussent au milieu des blocs de pierres rougeâtres. Leur bois, fendu en lattes, servira de plafond, posé entre les poutres de peupliers. Nous longeons une bergerie entourée d’un haut mur de pierres pour éviter aux chèvres de prendre la poudre d’escampette. L’abri pour les bêtes est soutenu par de nombreux poteaux de peupliers. Au sommet, le panorama est époustouflant. Les montagnes du Haut Atlas conservent encore quelques traînées de neige. Un vent à décorner les bœufs ne nous incite pas à prolonger notre moment de contemplation. La plupart d’entre nous a mis gants et bonnet pour lutter contre la fraîcheur ambiante.
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Vue générale sur la chaîne montagneuse du haut Atlas                        Bergerie ou chèvrerie

En abordant la descente, un troupeau de chèvres noires batifolent au milieu du chaos rocheux. Le berger les regroupe afin d’éviter une dissémination tous azimuts. Nos muletiers ont installé le coin repas à l’abri du vent. Quelques arbres rabougris poussent çà et là dans ce milieu minéral. Lors de la descente, nous verrons réapparaître, en fond de vallée, les petits lopins de terre irrigués et cultivés.
Cultures fourragères : orge et luzerne pour alimenter le bétail. L’exigüité des parcelles ne permet pas d’intervenir avec des engins mécanisés. Le travail à la main, éventuellement à la mule tractant une araire, façonne ce paysage de carrés verdoyants.
Deux de nos compagnons ont décidé de poursuivre la randonnée vers le lac de Tamda N'Ounghmar.
Le reste de la troupe rentre au gîte d’étape, en s’approchant de l’oued. Nous découvrons un réseau d’irrigation très élaboré où l’eau circule en continu et peut, à tout moment, être déviée vers la parcelle désirée. Les figuiers, les amandiers et les noyers procurent un peu d’ombre et évitent un dessèchement rapide de la terre.

A 17 heures, nous nous retrouvons sur la terrasse du gîte afin de profiter des rayons du soleil couchant. C’est un lieu d’accueil où les gens du village et les touristes prennent le thé. François et Catherine arrivent de leur virée, accompagnés d’Ali qui n’a pu s’empêcher d’aller à leur rencontre.

Le thé est servi avec de délicieux beignets, beurrés de miel ou de confiture. Nous nous empiffrons de ces douceurs. Un autre groupe de randonneurs composé de trois adultes et de trois enfants nous a rejoints.

Nous les retrouvons dans la salle surchauffée pour le dîner. Le petit bambin de trois ans fait le tour de la salle en sautant par-dessus les jambes de chaque convive. Une certaine exaspération monte vite chez notre ami François. Elle redescend aussi vite lorsque le repas est servi et que sa mère l’emmène se coucher.
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Mardi 4 mars

Ce matin, afin de ne pas contrarier la bonne humeur de François, Ali nous propose de prendre notre petit déjeuner dans un autre salon que celui occupé par l’enfant turbulent.

Vers neuf heures du matin, sous une météo toujours aussi clémente, nous quittons Thirza en direction de Telouet. Nous rebroussons chemin jusqu’au village d’Anmiter. A cet endroit, nous bifurquons et nous longeons  le cours de l’Oued Ounila vers Assaka.

En suivant la vallée, nous traversons de nombreux villages aux maisons en terre banchée. La réfection de ces maisons est un travail difficile, incessant. De nombreuses tours de guet richement sculptées et décorées se désagrègent au fil du temps et de l’érosion naturelle.

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Le parpaing fait son apparition dans tous les hameaux, souvent fabriqué artisanalement à la manière des briques de pisé.     

Quant aux vieilles kasbahs, elles terminent leur existence comme étable ou grenier à fourrages.

Dans les villages, la maison berbère possède son enclos où l’âne et la mule attendent d’être bâtés pour pourvoir aux besoins, aux transports, aux travaux de la famille.
A chaque pause de la matinée, Ali nous invite à piocher dans un sachet, qu’il sort de la poche ventrale de sa gandoura, de petites « conneries » cacahuètes, dattes séchées, biscuits miniatures. De petites gâteries délicieuses dont François raffole.

La vallée s’élargit, le sentier s’interrompt à l’abord de la route pour Ouarzazate. En marchant le long du ruban récemment goudronné, nous croisons quelques taxis et 4x4. L’aménagement de cette route, à la place de l’ancienne piste, fait redouter à Ali la pression immobilière et le devenir de sa vallée si préservée.
Cependant pour la population locale, elle est un bienfait pour les déplacements, pour les démarches administratives et pour les soins médicaux.

Ali nous entraîne vers la rivière pour poser les sacs dans une petite clairière ombragée par les amandiers en fleurs et les peupliers. Après le rituel déjeuner, un certain alanguissement s’installe dans le groupe. Chacun s’étale, se vautre, s’endort, se détend dans une atmosphère troublée par le seul bruissement de l’eau, cher à Ali. Il vient bercer les dormeurs du val.
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Après avoir traversé l’oued, le sentier domine le fond de la vallée. Sur notre passage, des affleurements de roches de l’ère primaire sont incrustés de fossiles (huîtres, spirifers, ammonites). Chacun porte son regard sur les blocs de pierre qui longent le sentier afin de découvrir la perle rare et l’immortaliser sur son support photographique.

En traversant les villages de Tioughassine, Taguendoucht et Aït Haddou, nous croisons de nombreuses femmes berbères à la porte de leur logis. Certaines détournent légèrement le regard, d’autres lèvent délicatement leur voile, mais la majorité d’entre-elles arborent un joli sourire accompagné d’un bonjour sympathique.

Le bâtiment principal du gîte d’étape est complet. Nous sommes logés dans l’annexe située au dessus, en bord de route.

Nous héritons d’une vaste pièce où nous disposons, sur d’immenses nattes, nos matelas de bivouac. Les plus courageux d’entre nous redescendent au gîte prendre leur douche. Je me contente pour ma part d’utiliser quelques lingettes.

Nous retrouvons le groupe de la veille autour du thé au thym (variante du thé à la menthe).

Chacun vaque à ses occupations favorites dans un climat de zénitude : lecture, carnet de voyage, massage, étirements.

Pour le repas du soir, notre cuisinier nous a préparé une omelette berbère, façon tajine. Un régal ! La soirée s’anime autour d’une discussion sur la victimisation car nous avons pour voisin de table un criminologue québécois. Ali se demande s’il peut être considéré comme victime des aboiements des chiens durant son sommeil. La réponse du spécialiste ne se fait pas attendre ; Ali est victime de ses oreilles. Un éclat de rire collégial s’en suit.
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Mercredi 5 mars

Pauvre Ali ! La nuit fut courte. Entre les aboiements des chiens et les muletiers qui ont tapé le carton jusqu’à trois heures du matin, il n’a pas trouvé le sommeil réparateur. Mais les données ont changé, comme l’avis du spécialiste qui n'ayant pas fermé l'oeil de la nuit, a déclaré à Ali qu’il était bel et bien victime.

Ce matin, notre cuisinier et la cuisinière de l’autre groupe ont entrepris une tournée générale de crêpes. Malgré cette profusion énergétique, les marcheurs ont un rythme de sénateur. Sans doute, la beauté du site, le bavardage et l’envie de flâner qui obligent notre guide à des pauses répétées.

De l’autre côté de l’oued, la falaise est truffée d’habitations troglodytes. Des extensions en adobes (brique de terre) viennent prolonger les excavations pratiquées dans la roche.
En perdant de l’altitude, la végétation est précoce, les amandiers sont en feuilles, de petites figues apparaissent au bout des branches. Elle est également plus variée ; les lauriers roses, les tamaris, les palmiers dattiers ont fait leur apparition. Le long des ruisseaux croassent de petites grenouilles (Pelophylax saharicus). L’écureuil de Barbarie (Atlantoxerus getulus) à la livrée couleur gris-brun zébré de quatre bandes brunes sombres se sauve à notre approche, bondissant dans les amas de roches. Cette espèce est endémique au Maroc et à l’ouest algérien.

Le sentier devient impraticable. Déchaussés, nous marchons dans le lit de la rivière. L’eau qui descend du lac glaciaire de Tamda est bien fraîche et le fond caillouteux n’aide pas à parcourir les cinquante mètres qui nous séparent de la remontée vers la berge. Une fois au sec, Ali nous ressort son sachet de petites friandises.
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C’est journée de grande lessive, les femmes et les jeunes filles sont descendues à la rivière avec les mules chargées de linge. Le bord de l’oued se couvre de tissus multicolores qui sèchent sous un soleil ardent.

Nous déjeunons près d’un terrain de foot sommairement aménagé mais permettant aux jeunes des villages alentour de venir jouer au ballon. Les tenues adéquates sont de sortie, maillot marqué au nom de joueur réputé. Un sport universel qui ne demande pas d’infrastructure, mais le plaisir du jonglage, du collectif, du défoulement.

Alors que nous sommes habillés de pied en cap, Ali est endormi sur sa natte. Nous le laissons savourer ce moment de plénitude. Les jeunes ont engagé une partie de passe à dix. Même sous cette chaleur, ils ne rebutent pas à fournir autant d’effort.

Ali qui ne dort que sur une oreille sent l’impatience de ses marcheurs. Nous retrouvons le sentier qui nous amène au village de Tizgui N’Barda. Des nids de cigogne posés sur des pans de mur attendent le retour de leurs occupants.

A Tiguert, nous sommes hébergés en maison d’hôtes, tenu par l’un des fils de l’aubergiste de Telouet.
Nous nous offrons le luxe d’une chambre individuelle avec salle d’eau et wc.
Le propriétaire nous accueille dans un petit pavillon extérieur couvert de tapis. Il offre une vue imprenable sur la vallée luxuriante. Le thé nous est proposé dans ce cadre idyllique. 

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Ali se fait servir un coca-cola. « Le début de l’américanisation » dixit notre guide. En restant fidèle à notre thé à la menthe, nous ne nous lassons pas d'une certaine "berbérisation".
Nous rêvassons ainsi jusqu’au coucher du soleil en contemplant la palette changeante des couleurs du ciel et des montagnes.

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Jeudi 6 mars

Nous partons d’un bon pas sur la route goudronnée. Nous apercevons des cairns sur une zone caillouteuse. Mais il s’agit en fait de bornes, délimitant des parcelles, posées par les locaux selon une « expansion intuitive » (citation Ali). Puis nous longeons un talus d’irrigation pour rejoindre le village de Tazleft.

Nous avons l’opportunité de visiter un grenier à blé récemment restauré. Le droit d’entrée de 10 dh est reversé à une association de femmes qui permet aux jeunes filles scolarisées de trouver un internat.

Le grenier renferme cinquante six compartiments d’une surface chacun de 10 m2. De petites ouvertures fermées par des serrures en bois permettent à chaque famille de stocker leur réserve de céréales à l’abri. Ces réserves sont réparties sur deux étages et une terrasse.
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Clé en bois d'un grenier à blé                                                            Passage à gué

Le passage à gué, à la sortie du village, sur des roches disposées en travers du cours d’eau, requiert toute l’attention de nos compagnes. Tombera, tombera pas ? A l’aide des bâtons de marche, la situation se rétablit et chacun salue l’audace d’une telle prouesse technique.
« Nous traverserons la rivière à tâtons, en nous appuyant sur les pierres les plus solides » (proverbe chinois de Deng Xiaoping)

A l’approche d’Aït Ben Haddou, les kasbahs sont rachetées et rénovées par des étrangers pour servir d’hôtel ou de maison d’hôtes. La pression touristique se fait sentir. Des dromadaires attendent le vacancier en mal d’exotisme.

Nous voyons débouler des meutes de 4x4 qui vont goûter l’air du désert. Nous longeons la route très fréquentée à cette heure de la journée. Nous nous arrêtons à proximité d’un pont en réfection, car notre cuisinier et nos muletiers vont nous quitter et remonter vers Tighza. Nos bagages vont nous précéder dans un taxi collectif à Aït Ben Haddou.

Pour cette dernière journée, l’ambiance du déjeuner est un peu morose. Ali ne partage pas notre repas et s’affaire autour de son équipe d’intendance. Le sentier reprend sur un vaste erg. Ali nous propose de grimper vers le sommet du plateau. Nous longeons le bord de la corniche qui domine toute la vallée de l’assif Marghene (salé en berbère) et la kasbah d’Aït Ben Haddou.

La descente nous entraîne vers le mausolée du marabout Sidi Ali ou Amer. Il est fréquenté pour solliciter sa baraka. Il est visité par les femmes stériles ou les jeunes filles voulant se marier. Nous entrons dans la ville fortifiée par le nord. Ali décrit ce ksar comme le petit Mont Saint Michel marocain. En effet de nombreux groupes de toutes nationalités circulent, montent, descendent, déambulent, vadrouillent dans les petites ruelles exiguës et sous les passages voûtés.

Nous quittons l’enceinte et nous retrouvons de l’autre côté de la rivière, notre taxi. Le moment émouvant de dire adieu à Ali est arrivé. Il nous a fait découvrir sa vallée d’une façon historique, culturelle, fidèle et respectueuse de ses traditions. Nous avons essayé de profiter de sa grande ouverture d’esprit, de sa gentillesse, de sa prévenance et de sa galanterie d’homme vacant envers nos gazelles.

Après quelques photos-souvenirs, le taxi nous emporte vers Marrakech-Arnakech.

Nous retrouvons une foule compacte, bruyante, colorée. Quel changement brutal avec la quiétude des montagnes ! Nous logeons à deux pas de la place Jamâa El Fna.

Grâce à Ali, nous dînons dans le restaurant Al Bahja qu’il a l’occasion de fréquenter lors de ses descentes à la ville rouge. Une bonne adresse, à l’écart des rues principales, qui accueille marocains et touristes sans publicité tapageuse.
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Vendredi 7 mars

Nous descendons prendre notre petit déjeuner dans un café, situé dans la rue principale. Chacun commande moultes plats différents : crêpes au miel, salade de fruits, jus de fruits, café moitié-moitié.

A cette heure matinale, la place est déserte. Nous pénétrons dans la médina en direction de la Méderza Ben-Youssef. Mais bien vite, notre sens de l’orientation nous fait défaut. Au premier commerçant interrogé, celui-ci nous déclare que la Méderza est fermée jusqu’à 15 heures et interpelle un passant afin qu’il nous y conduise. Ce dernier malgré « no guide, no money, pour le plaisir… » nous entraîne vers le quartier des tanneurs. Notre rabatteur nous confie à un "gardien" pour une visite de la tannerie. Nous nous échappons rapidement de cette souricière.
Mais, nous sommes vite harcelés par des adolescents qui veulent nous montrer le chemin pour notre nouvelle destination : les jardins de Majorelle. Malgré nos refus fermes de toute intervention extérieure, il est très difficile de s’en dépêtrer. Nous parvenons tant bien que mal à sortir de la Médina, à franchir une porte des remparts et rejoindre ce lieu emblématique. Nous passons un moment inoubliable dans cette oasis de verdure, de couleurs, de calme. Le bleu majorelle règne en maître parmi une collection de cactées rares. De retour, dans la médina, nous optons pour un petit restaurant de rue sans prétention, pour attendre « l’ouverture » de la Méderza.


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Nous sommes tombés dans le panneau. Ce foyer d’accueil, construit en 1570, pour étudiants en soif de connaissances dans diverses sciences, a été ouvert toute la journée. Les mots ne sont pas suffisants pour décrire cette splendeur arabo-andalouse aux murs de stuc finement décorés. Sa conception architecturale, ses décors, ses dimensions en font l’une des plus imposantes du Maroc.

Nous poursuivons par le musée de Marrakech implanté dans le palais Mnebbi. Plus que les collections d’art contemporain ou de culture traditionnel, le bâtiment est d’une rare élégance.
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Intérieur de la Méderza Ben Oussef                                                    Patio de la Méderza

Nous repartons en direction de la place Jamâa El Fna. Au passage, nous tombons sur une pâtisserie marocaine digne de ce nom. Accompagnées d’un jus d’orange pressé, ces petites douceurs fondent dans la bouche.

Il se fait tard, les jambes et les pieds sont douloureux d’avoir trotté dans tous les sens. Nous rejoignons l’hôtel pour une pause bien méritée. Conquis par le restaurant, nous avons commandé, toujours sur les conseils d’Ali, un tanjia. Ce plat porte le nom de la jarre où cuit longuement sur les cendres la viande accompagnée d’épices et de citron confit. Notre table est prête. Les olives et la timbale d’harissa sont disposées sur la table. Accompagné de légumes vapeur, il est mangé avec délectation et chacun a saucé le plat pour ne pas en perdre une larme de saveur.

Harassés par cette folle journée, nous rejoignons notre chambre pour une courte nuit. Notre envol matinal sera en avance sur l’heure prévue. Etonnant, non ?

Retrouvez dans la galerie photo, quelques clichés supplémentaires pour vous donner l'envie de partir.