Sur la route N 165, en direction de la pointe occidentale de l’hexagone, nous faisons une halte dans la petite cité de caractère qui a su donner son nom à un célèbre courant pictural, l’école de Pont-Aven. Cette année, l’exposition temporaire est consacrée à l’influence du tableau « Le Talisman » de Paul Sérusier en privilégiant la perception visuelle plus que l’exactitude du rendu. Il devient l’emblème du groupe des Nabis.
Notre périple nous conduit à Pont-Croix, au bord de la rivière du Goyen où nous logeons « Chez Pierrette », une chambre d’hôtes accueillante. Pour cette première soirée, nous dînons à la crêperie Les blés d’or à Audierne, comme à chaque passage dans ce port bigouden. La simplicité de l’accueil par la patronne elle-même, qui est au four et au moulin, ne nuit pas à la qualité des crêpes et des galettes, bien au contraire.
Ruelle du bourg Maisons accolées Amer et grand phare
Dans ce pays de basse bretagne, les crêpes sont une institution, nous n’y couperons au petit-déjeuner. De quoi bien caler l’estomac avant de prendre le bateau à l’embarcadère de la compagnie Pen ar Bed à Audierne. Pour un secteur réputé pour ces coups de tabac et ses journées pluvieuses, la météo a fait sa capricieuse. Nous bénéficions d’une mer belle, avec une légère houlette et d’un ciel littéralement bleu. L’Enez Sun II longe les falaises du Cap Sizun en direction de la pointe du Raz. Seuls les courants de marée viennent donner un peu de mouvement au bateau, au passage du phare de la Vieille. Nous distinguons nettement l’Ile de sein, petit bout de terre ancré au raz des flots. Le grand phare domine l’étendue aqueuse. Le bateau accoste au quai de Men Brial.
Les passagers se dispersent rapidement dans les ruelles du centre bourg ou le long des quais. Nous empruntons la venelle Fernand Crouton. Les habitants utilisent des petits chariots qui peuvent transiter entre les pignons resserrés des maisons et des courettes emmurées. Les sennans se sont blottis les uns contre les autres pour résister aux assauts des tempêtes hivernales. Au niveau du bureau de poste, nous poursuivons par la rue Abbé Le Borgne et nous bifurquons rue Dumas et Le Berger pour déboucher sur une voie bétonnée qui mène droit vers le grand phare.
Un cordon de galets nous sépare du milieu marin. De nombreux murets de pierre sèche délimitaient de petites parcelles cultivées par les femmes tandis que les hommes armaient à la pêche. Nous empruntons une levée de terre qui protégeait les cultures des assauts de la mer et nous arrivons à la chapelle Saint Corentin. Nous restons un moment à admirer les nombreux rochers qui prolongent l’île au nord-ouest. Le grand phare de Goulenez, rebâti après sa destruction par l’armée allemande, culmine à 51m. Nous longeons la côte rocheuse nord-est jusqu’à l’entrée du bourg. Nous nous ravitaillons à l’épicerie car il est temps de casser la graine. A quelques minutes près, nous trouvions porte close. En cinq minutes, nous effectuons nos emplettes et nous nous installons sur le socle granitique près des anciens blockhaus.
Nous terminons notre tour de l’île en rejoignant le port de Men Brial, nous longeons le quai des paimpolais, lieu d'implantation des bistrots, puis en contournant la cale de la Poste nous aboutissons à la jetée qui mène à la presqu’île de Kélaourou. L’heure avancée de la marée montante ne nous permet plus de franchir le seuil. Nous restons sur la plage de sable blanc, à contempler la baie protégée par deux immenses môles.
L’abri du marin renferme un petit musée. Il retrace l’histoire locale, il présente les recherches archéologiques sous-marines autour de Sein et il raconte l’épopée des hommes de l’île partis rejoindre le général de Gaulle en Angleterre à bord de leur bateau de pêche.
Nous écourtons un peu la visite car il est temps de rejoindre la cale du port afin de réembarquer. Un groupe de seniors trépigne, invective, parle haut sur le quai, tandis que leur gentil organisateur essaye de leur distribuer le billet de retour. Le bateau fend l’onde, à peine ridée, à quelques encablures de la côte.
Qu’en est-il d’une traversée par fort coup de vent ? Par ce temps de demoiselle, l’île transparaît comme un petit paradis, mais avec les tempêtes hivernales et la montée des eaux, l’île semble à la merci des éléments déchaînés.
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