LE PALAIS-SAUZON-LES POULAINS-SAUZON
Distance : 23km
Dénivelé positif : 940 m
Dénivelé négatif : 930 m
Je survole le ferry qui a quitté Port Maria à Quiberon, sur une mer peu agitée. Je distingue, de mon œil perçant, les passagers qui se rendent au port du Palais. A l’arrivée, quatre d’entre eux, sac au dos, passent la porte poterne et longent les hautes murailles de la citadelle Vauban. Je les observe, en vol stabilisé, prendre le sentier du littoral, en direction de Sauzon.
Ils suivent la côte nord-est, fortement entaillée par de nombreux petits vallons : Port Fouquet, Port Jean, Port Poyet, Port Blanc, au milieu des ajoncs et de l’aubépine en fleurs.
Je plane, profitant de la légère brise, tandis qu’ils peinent dans les raidillons.
Mais je les perds de vue lorsqu’ils font halte à Sauzon. Je survole l’Escale, là où la plupart des randonneurs s’arrêtent pour manger et se coucher.
Je m’apprête à prendre de l’altitude lorsqu’ils ressortent, sans leurs sacs. Ils se dirigent vers le sentier côtier en direction de mon lieu de prédilection : la pointe des poulains où je trouve ma pitance dans les forts courants de marée.
Extrait IGN Géorando Bretagne Belle-Ile en Mer
Lorsque le conservatoire du littoral a réaménagé le site, nous, les goélands, avons retrouvé un peu de quiétude au bord des falaises.
D’un glissement d’aile, je poursuis mon tour d’observation. Après avoir contourné le musée de l’illustre comédienne Sarah Bernard, ils passent entre les greens, les fairways et les rough du golf de Sauzon avant de descendre vers l’anse de Ster-Vras. Je les quitte tandis qu’ils remontent vers le bourg, pour aller retrouver ma colonie qui niche à la pointe du Château.
SAUZON-BANGOR
Distance : 25 km
Dénivelé positif : 900 m
Dénivelé négatif : 890 m
"Chant du coucou, temps doux". Coucou, coucou.
Ils viennent de Ster-Vras, et vont vers le sud-ouest, en passant par Ster-Ouen. Je les surveille de loin, car sur cette lande rase, je ne trouve pas d’abri sûr pour me poser ou pour me cacher. Ils s’écartent de la pointe du Château, car mes cousins de la gente ailée marine sont en pleine période de nidification.
Je poursuis, de battements d’ailes réguliers, les marcheurs qui découvrent les lieux emblématiques de la côte sauvage, la grotte de l’apothicairerie, la plage de Donnant, les aiguilles de Port Coton. Je les traque, d’autant plus facilement que le sentier reste en surplomb des à-pics rocheux.
Je me pose sur la rambarde du phare de Goulphar et j’embrasse ainsi toute cette partie du littoral. Mais je les perds de vue lorsqu’ils descendent dans la crique de Port Goulphar où sont amarrés de petits canots de pêche.
A tire d’aile, je file vers le sémaphore du Talut. La végétation arbustive, dans les vallons, devient plus abondante, Je virevolte entre les tamaris, les ajoncs et l’aubépine.
Sur la plage de Kérel, propice à la baignade, je me perche sur les ganivelles qui protègent la dune de l’érosion.
Ils viennent vers moi, puis s’éloignent vers le nord par une sente pentue jusqu’au hameau de Kernest. Je suis dans mon élément, car ils rejoignent le bourg de Bangor, à travers bois, le long d’un vallon encaissé.
Depuis que nous sommes entrés dans le bourg, plus de ce « coucou, coucou » incessant. Le centre d’accueil nous héberge dans des chambres individuelles, propres, confortables et agréables.
Nous profitons d’un soleil généreux pour boire un verre à la terrasse du café avant d’aller mettre les pieds sous la table.
Extrait IGN Géorando Bretagne Belle-Ile en Mer
BANGOR-LOCMARIA
Distance : 23 km
Dénivelé positif : 900 m
Dénivelé négatif : 890 m
Extrait IGN Géorando Bretagne Belle-Ile en Mer
La cloche de l’église de Bangor sonne la demi-heure de sept heures et l’ouverture du dépôt de pain à la supérette. Du pain frais pour le petit déjeuner pour partir du bon pied. Une heure plus tard, nous redescendons vers la plage de Kérel par le vallon de Bordenech.
Quel tapage ! De si bon matin, on foule déjà ma prairie. Quels sont ces intrus qui marchent à la queue leu leu, le verbe bien haut et le pas décidé ? Curieux et craintif de nature, je m’en vais les suivre, de fourrés en galeries souterraines.
La lande et les pinèdes me permettent de suivre le cheminement de nos joyeux compagnons le long du haut plateau, laissant l’île de Bangor à leur droite, et de petites plages difficilement accessibles. A peine le temps de me dégourdir les pattes, qu’au bout de huit kilomètres, ils font une pause casse-croûte sur la magnifique plage d’Herlin. Avec ce temps anticyclonique, un petit clapotis vient s’échouer sur le sable fin. Et pourtant, j’en ai vu des rouleaux, par mer forte, s’engouffrer dans le goulet.
Je cours, je bondis pour atteindre le haut du sentier pentu. Essoufflés, ils arrivent, pour quelques centaines de mètres plus loin, redescendre dans la crique de Baluden. Je vis au milieu de ces montagnes russes dans un décor liquide, végétal et minéral époustouflant.
Après ces passages éprouvants pour leurs mollets, je reste en retrait car le sol est dénudé et rocailleux et n’assure plus aucune cachette. Avec mes longues oreilles, je ne passe pas inaperçu. Et pourtant, j’aimerais longer la pointe du Skeul, où le panorama est impressionnant. J’attendrais le petit jour ou la tombée de la nuit pour m’y aventurer.
Je retourne à mon terrier tandis que mes compagnons bipèdes poursuivent vers la pointe d’Arzic.
La côte s’adoucit peu à peu, le paysage est moins austère, la végétation est luxuriante.
Dans une échancrure profonde de la côte, nous posons nos sacs sur la plage de Locmaria. Certaines courageuses n’hésitent pas à se jeter dans une eau glaciale.
Nous rejoignons le gîte communal intégré dans le terrain de camping. Nous dînerons aux Ajoncs d’or, pour un rapport qualité-prix très correct.
LOCMARIA-LE PALAIS
Distance : 18 km
Dénivelée positif : 680 m
Dénivelée négatif : 740 m
Extrait IGN Géorando Bretagne Belle-Ile en Mer
Après avoir attendu l’ouverture de la supérette pour refaire le plein de victuailles, nous retournons vers la plage de Port Maria pour aborder le versant nord du vallon. Au delà de la plage de Port Andro, le sentier vire à l’ouest. Plus d’horizon infini, place aux îles d’Houat et d’Hoëdic, au phare de la Teignouse, à la chaussée des Béniguets et à la presqu’île de Quiberon.
Je cours plus que je ne vole à travers les prairies qui descendent en pente douce vers les plages de sable blanc. Ceux qui m’observent finissent par franchir les portes des fortifications qui protégeaient l’île des envahisseurs et par fouler le sable fin des plages qui s’étirent entre la pointe de Kerdonis et Le Palais.
De mon plumage coloré, je traverse nonchalamment talus et clairière, contourne les différents fortins, devenus propriétés privées et qui barrent le sentier côtier. La chasse étant fermée, je n’ai plus aucune raison de me cacher. Je les suis, puis je les perds de vue car, tantôt ils cheminent sur l’estran, tantôt ils marchent le long des pâtures où paissent les agneaux et leurs mères.
A Port-Gwenn, ils se séparent, les uns se dirigent vers le gîte d’étape, les autres vers Le Palais.
Nous terminons notre périple de quatre jours avec deux autres randonneurs, venus de la région parisienne, que nous avions côtoyés au gîte de Sauzon. Il aura fallu attendre la veille au soir pour faire plus ample connaissance et parcourir la dernière étape ensemble.