Réticent, certainement. Randonner dans les Baléares, quelle idée ? Entre plages bétonnées et transats alignés, où trouver une nature préservée, à l'abri du tourisme de masse. Après un argumentaire fort détaillé, Martine a su fissurer ma carapace de scepticisme.Ainsi, le samedi 29 août, je me retrouve dans un airbus A321, en partance pour l'île de Majorque. Après une heure et quart de vol, nous atterrissons à Palma. Le temps est couvert et menaçant. En bus, nous rejoignons la place d'Espanya où sont regroupés tous les transports en commun sillonnant l'île de Majorque.A pied, nous parcourons le centre historique. De place en place, nous découvrons des immeubles à l'architecture gaudienne, puis la "Seu", cathédrale de style gothique, malheureusement fermée le samedi après-midi. Nous ne pourrons donc pas admirer "la plus grande et parfaite réussite de style gothique en harmonie, construction et mécanique" comme l'architecte catalan Antoni Gaudí l'a qualifiée. Ce chef d'œuvre, décidé par le roi Jacques Ier le conquérant, est considéré comme la quatrième église la plus belle du monde.

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Les calèches déplient leur capote, quelques parapluies font leur apparition, nous retournons vers la gare multimodale afin de récupérer le bus, ligne 340, pour Pollença, point de départ du GR221.

Ce GR, aussi nommé la route de la pierre sèche, parcourt d'Ouest en Est, l'épine montagneuse de l'île. Actuellement seules les cinq dernières étapes sont balisées et possèdent un refuge. En partant de Pollença, nous démarrons par la huitième étape.Le village de Pollença est accueillant, nous parcourons les rues étroites, visitons l'église de Notre Dame des Anges avant de monter l'escalier monumental de 365 marches du chemin de croix qui mène au sanctuaire. Nous avons une vue générale sur la bourgade, sur la presqu'île de Formentor et sur le monastère du puig de Maria. Le monastère, situé sur un mamelon rocheux de 320 mètres d'altitude, sera notre lieu de nuitée. Après une heure de petites routes et de sentiers de pierres, nous y parvenons.Malgré nos balbutiements dans la langue de Cervantès, le couple de gardiens parvient à nous faire comprendre que nous serons les seuls, cette nuit, à rester dans le monastère. Les clefs de la chambre et des grilles d'entrée nous sont remises au cas où nous ne serions pas remontés de Pollença avant dix heures.

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Car, pleins d'énergie et d'appétit, nous redescendons dîner au restaurant. Nous optons pour deux clichés bien ancrés dans notre inconscient francophone: le panonceau du routard et la paëlla-sangria. Ni l'un, ni l'autre ne seront à la hauteur de nos espérances. La nuit est tombée quand nous entreprenons de parcourir, pour la troisième fois, le chemin du monastère. La nuit est tiède, la cadence est élevée, la chemise est trempée de sueur. Lorsque nous arrivons au monastère, nous constatons que les grilles sont ouvertes. Mais l'excitation de notre aventure nocturne s'est interrompue par la présence tardive des gardiens. Après une nuit réparatrice, nous prenons notre petit déjeuner en tête à tête, puis nous quittons ce lieu de pèlerinage, pour entamer la première étape du sentier.

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Première étape : Pollença-Lluc

En traversant Pollença, nous constatons une effervescence dans la bourgade. Le marché dominical se met en place. Toute la place major est déjà envahie par les comptoirs de denrées alimentaires tandis que les étals de bijoux, de fringues et autres colifichets se déploient dans les rues adjacentes. Nous regrettons de ne pas pouvoir flâner plus longtemps et de profiter de cette matinée pour découvrir les odeurs, les couleurs, les ambiances catalanes.

Nous passons devant le refuge, à la sortie de Pollença. Une bâtisse, entièrement rénovée, qui semble, aux premiers abords, fort accueillante. Le GR, dans ses premiers kilomètres, est parallèle à la route MA-10. Nous sommes dans la plaine, où les parcelles d'oliviers succèdent aux parcelles de fruitiers. La terre rougeâtre et caillouteuse ne se prête guère à d'autres cultures. Puis le GR s'éloigne des zones habitées et bitumineuses pour commencer à grimper dans les forêts de chênes verts. Les premiers signes d'une ancienne activité charbonnière apparaissent, des zones de brûlage planes et circulaires où le bois entassé en meule, puis enveloppé de terre, brûlait pendant une quinzaine de jours. Des cabanes de pierre et de branchages permettaient au charbonnier de vivre au plus près de son labeur. Les sentiers de pierres, en partie construits pour permettre le transport muletier, ont été relativement préservés des affres du temps.
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Entre deux petites averses, nous sortons, de nos sacs à dos, les produits locaux achetés la veille aux halles de Palma pour nos trois pique-niques à venir : jambon sec, saucisson, fromage, pain et fruits.
Un quart d'heure de marche plus loin, nous aurions pu profiter d'une table et de banquettes en pierres, auprès de la fontaine de Ses Cases. La fontaine est construite comme un long tunnel de pierres, où coule une eau fraîche, mais sans la garantie d'être potable. Nous préférons remplir nos gourdes d'eau minérale embouteillée, achetée fraîche dans les supermarchés.

Le sentier prend de la hauteur, les chênes couvrent une grande partie de la montagne. Malgré les 31°c, la randonnée, sous le couvert des arbres permet de ne pas trop souffrir de la chaleur. Un diverticule nous entraîne vers le mirador. Au bord de la falaise, nos regards embrassent toute la vallée de Lluc. Les bâtiments du monastère apparaissent dans une trouée végétale. Les traces de l'activité charbonnière sont omniprésentes. Le sentier descend tranquillement, à la fontaine de l'ermitage, un petit aqueduc en tuile amène l'eau dans une immense citerne construite près du lieu-saint entièrement restauré. Quelques vététistes viennent briser notre solitude. En effet, depuis Pollença nous n'avons croisé aucun senderiste, le tourisme de masse n'a pas le culte de l'effort et de la découverte du patrimoine majorquin.
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Nous arrivons au refuge de Son Amer, magnifique ensemble de bâtiments de pierres, isolé, à 10 minutes à pied du sanctuaire. Martine a préféré réserver une chambre au monastère. Le lieu semble accueillir de nombreux pélerins.
Au premier étage du bâtiment principal, des couloirs interminables nous amènent à notre chambre. Malgré l'église qui abrite l'image de la Mare de Déu de Lluc, vierge noire mentionnée dès 1420, le site ne transpire pas d'une vie de spiritualité et de recueillement mais plutôt de celle d'un domaine hôtelier avec bars et restaurants.


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Deuxième étape : Lluc/Tossals-Verds

Nous entamons cette deuxième étape par un merveilleux sentier en escalier de pierres pavées, qui nous transporte dans la forêt. Malgré une tièdeur insolente, le ciel déverse quelques gouttes qui nous font sortir les protections de pluie.

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Cette première partie d'un dénivelé de 800 mètres positif, nous amène, avec le beau temps, vers une végétation rase de type subalpine, Les voltes de Galileu, ont fait l'objet d'une totale réhabilitation, d'énormes blocs de pierre ont été empilés les uns sur les autres pour établir un contrefort au sentier pavé. Après 250 mètres de dénivelés en boucles circonvolutives, vers 1000 mètres d'altitude, les premières maisons à neige apparaissent dont celle d'en Galileu en pleine restauration. Un trou aux murs de pierres de six mètres de profondeur permettait d'accumuler la neige pour la transformer en glace avant de la descendre en ville. Une bâtisse construite à proximité abritait les ouvriers.
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Le sentier passe au pied du puig de Marabella, à travers une montagne calcaire, où le minéral a pris l'ascendant sur le végétal. Puis, le col franchi, la végétation reprend ses droits, cyste, bruyère et plantes méditerranéennes avant de retrouver la forêt où s'ébattent moutons et chèvres. Un dénivelé de 700 mètres négatif nous attend pour rejoindre le refuge de Tossals Verds.A la bifurcation qui sépare le GR du sentier qui mène au gîte, nous croisons enfin nos premiers randonneurs.Le sentier suit une gorge où coule un torrent, dont le débit en cette période d'étiage est très faible.
En contrebas, apparait le refuge, ancienne exploitation agricole reconvertie dans l'hébergement des randonneurs.

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Le site, totalement isolé en pleine montagne, renferme des oliviers au tronc noueux, boursouflé, évidé, tortueux. De véritables chefs d'œuvre d'art végétal, façonnés au fil des ans par l'homme pour l'exploitation des olives.Des figuiers, des citronniers, des amandiers complètent une production fruitière de subsistance.Un couple de randonneurs belges loge au gîte. Pendant le repas, nous pourrons échanger, en français, nos impressions sur la beauté de la montagne majorquine et sur nos randonnées passées. Un moment de convivialité pour pouvoir partager les plaisirs de la marche, de la découverte du milieu et les bonnes adresses.
Nous profitons d'un dortoir pour nous seuls. La propreté du refuge, l'excellence du repas et du petit déjeuner pour un prix fort modique nous font regretter nos premiers choix d'hébergement. Si tous les refuges pouvaient proposer un tel rapport qualité-prix !

Troisième étape : Tossals-Verds/Soller

Pour cette troisième journée, nous avons décidé d'écourter l'étape longue de 30 km, à Puerto Soller pour pouvoir profiter d'une journée de repos au bord de la plage.

Nous quittons ce cadre si paisible, en suivant une espèce de furet. Il court, il court devant nous avant de disparaître dans la végétation. Puis nous devons nous écarter pour laisser passer la douzaine d'ânes qui rentrent au paddock après avoir brouté toute la nuit dans la montagne. Nous revenons sur nos pas, en prenant un petit diverticule qui nous amène au puits de Bassola, à travers des terrasses aux murs cyclopéens. Après la bifurcation, nous entrons dans la forêt et descendons jusqu'à l'aqueduc qui alimente en eau brute le lac de Cùber. Pendant quelques kilomètres, nous le longeons avant d'entamer le contour du lac et la montée vers le col de l'Offre, à découvert. Et le soleil cogne dur. Les nuages de ces derniers jours ont disparu pour faire place à un beau ciel bleu.

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Au col, Martine désire grimper au puig de l'Offre qui culmine à 1090 mètres. Après quelques recherches pour trouver le bon itinéraire, nous repérons un chemin d'exploitation qui contourne le pic, avant d'entamer l'ascension par le côté opposé au col.Au sommet, malgré la brume de chaleur, le panorama est magnifique, une vision à 360° sur la côte, sur les dorsales montagneuses environnantes, sur le puig major et sur le lac de Cùber.
Pour rejoindre (800 mètres de dénivelé négatif) le village de Biniaraix, nous empruntons un ancien escalier de pierres sèches. Par endroits, le chemin côtoie des escarpements vertigineux, passe dans des gorges étroites puis traverse des cultures en terrasses en pleine restructuration. Les murs de soutènement sont remis en état, les parcelles sont nettoyées, les oliviers élagués et les bâtisses rénovées. La pierre sèche a de beaux jours devant elle.

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Nous traversons le sympathique village de Biniaraix et prenons la direction de Soller.Sur la place de la Constitution, face à l'église, nous regardons, amusés, le passage du tramway qui effectue une navette incessante entre Soller et Puerto Soller. Tandis que les touristes prennent la pose devant l'édifice moderniste du Banco Central Hispano à l'architecture étonnante, nous consultons le plan de la ville pour trouver l'adresse du marchand de glaces et de la station de bus.Descendus du bus, au milieu de la station balnéaire, nous avons longé la partie droite du port à la recherche de notre hôtel. Au bout du port, sans succès, nous interrogeons une majorquine qui nous indique un bâtiment situé à l'autre bout de l'anse.De ce fait, nous allons, dès notre arrivée, découvrir la station balnéaire dans sa totalité et nous présenter à la réception dans un état de fatigue avancé. Nous goûterons néanmoins le plaisir de barboter dans une eau de mer à 29°c avant d'aller dîner sur le front de mer au milieu des touristes.
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Quatrième journée : Puerto Soller

Farniente ! Que nenni. Après avoir fait travailler les muscles jambiers, nous allons jouer des biceps en louant des kayaks pour découvrir Majorque, côté mer. Départ de la plage, les kayaks ouverts sont agréables par cette température caniculaire. Nous sortons du port en longeant la côte est pour ne pas gêner les bateaux qui naviguent dans le chenal d'accès, puis nous le traversons rapidement pour nous diriger vers la Calobra. Les kayaks filent le long des falaises crayeuses creusées de grottes marines. Nous naviguons sur une eau plate où seules les vagues d'étrave des vedettes à passagers soulèvent une houle divertissante. Nous passons l'île de S'Illa, puis nous surveillons la côte pour aborder à la première plage accueillante. Arrivés dans la baie de Sa Costera, nous prenons pied sur des rochers glissants. Bonjour la gamelle ! Une fois, installés en haut de côte, la baignade et le pique-nique nous délassent de cette heure et demi de pagayage. Puis, avec de multiples précautions, nous réembarquons et nous rebroussons chemin dans une mer un peu plus agitée par la tramontane. Martine embarque de l'eau. Au bout d'une demi-heure d'un bain de siège forcé, la bouteille d'eau minérale, coupée en deux, va lui permettre d'écoper et de se retrouver au sec.
Nous rendons les kayaks, ravis de cette petite expédition en Méditerranée.

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L'inactivité est une chose très difficile à gérer. Après un bon goûter et une bonne douche, nous repartons flâner à la découverte du vieux Puerto Soller et de ses petites rues fleuries. Nous ne pouvons rester sur un échec, alors une bonne adresse en poche, nous retentons la paëlla. Un restaurant, situé en deuxième rideau du front de mer nous en offre l'occasion. Dans un magnifique jardin, sous une pergola, en compagnie d'une majorité de majorquins, nous nous réconcilions avec la cuisine locale.
Mais ce soir, point d'arrêt au bar de l'hôtel pour trinquer avec un verre d'"herbas". Demain, nous repartons sur le GR, plein d'énergie et l'esprit clair.

Cinquième journée : Puerto-Soller/Déia

Direction le refuge de la Muleta, situé au pied du phare. Une bonne grimpette pour arriver au pied du gardien de feu. Ensuite le sentier surplombe la côte, puis un chemin d'exploitation bordé de parcelles d'oliviers nous amène sur une route goudronnée. Après un bon kilomètre sur le bitume et malgré la présence de nombreux randonneurs, le doute nous assaille. Sommes-nous sur le bon chemin ? Cette portion de route n'apparaît pas sur la carte. Nous faisons demi-tour jusqu'au balisage précédent et demandons à un jardinier, la direction de la chapelle de Castello. Celui-ci, sans vraiment comprendre notre castillan, nous envoie vers le bord de mer. Plus nous descendons, plus nous doutons d'être sur la bonne voie. Nous reprenons la première option qui s'avère être la bonne.
Une mauvaise lecture de carte, malgré un balisage remarquable, peut vite entraîner des randonneurs en perdition.

C'est une étape tranquille qui va nous permettre de descendre jusqu'à la petite crique de Déia. La plage de rochers et de galets est envahie. Deux restaurants, encastrés dans la roche, accueillent les plaisanciers de passage et les plagistes. Des yachts, ancrés dans la baie, déversent leur jetski pour amener les occupants à l'auberge. Quant à nous, nous nous délectons de nos tranches de jambon sec et de nos morceaux de fromage. Nous profitons d'une activité plus nature où les bronches ne sont pas touchées par la taxe carbone.
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Nous rejoignons le refuge de Can Boi par un petit sentier, situé à droite de la route. Un ancien moulin à huile a été reconverti en un hébergement spacieux et moderne. Nous héritons d'un dortoir personnel où nous pourrons nous étaler pour sécher, notamment notre linge. N'ayant pu réserver le dîner par internet, nous n'avons pas d'autre choix que de trouver un resto pas trop cher dans Déia. Avec le conseil du gardien, nous optons pour un repas de tapas et sangrià à Las Palmeras.Auparavant, nous consultons les guides disponibles dans la salle commune pour l'étape du lendemain. Car cette cinquième étape n'est pas balisée. Martine traduit un topo espagnol qui retranscrit toute la rando, mais avec pour point d'arrivée, notre point de départ. Il nous faut donc inverser toutes les indications. Puis, libérés de nos sacs à dos, nous parcourons les ruelles pentues du village d'artistes bohème qui mènent à l'église et au cimetière.

Sixième journée : Déia/ Valdemossa

C'est par l'accès à l'hôtel de luxe quatre étoiles "Es Moli" que débute notre dernière journée de marche. Sans la traduction, sans un repérage la veille au soir et sans une confirmation du gardien, nous n'aurions jamais deviné que cette route fût le point de départ de l'itinéraire pour rejoindre Valdemossa. Parvenus en haut de la route goudronnée, un panneau métallique rouge indique la direction de Valdemossa par un petit sentier pavé envahi par les herbes. Des cairns balisent l'itinéraire. Devant ces petits tas de pierres disposés aux endroits stratégiques, nos crispations s'envolent et nous profitons pleinement de cette randonnée. La sente grimpe hardiment à travers les terrasses d'oliviers, puis la pente devient franchement ardue dans la forêt de chênes. Des ouvrages datant de l'activité charbonnière (citerne creusée dans la roche, four, cabane) jalonnent notre itinéraire. La vie d'homme des bois ou du bois prenait ici tout son sens. Nous arrivons au pied des falaises, les arbres se font de plus en plus rares, la vue se dégage.
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Nous arrivons sur un haut plateau aride où débute le chemin de l'archiduc. Ce chemin de pierres sèches serpente sur les crêtes rocheuses et offre un panorama vertigineux sur la vallée et la côte de Déia. Arrivés à un immense cairn, nous prenons, sans réfléchir, la trace la plus visible. Mais celui-ci nous éloigne inexorablement de notre lieu d'arrivée. Sur les conseils avisés de ma compagne, nous rebroussons chemin jusqu'au monticule de cailloux qui indique, en fait, un carrefour de plusieurs pistes. A la boussole, nous retrouvons le bon itinéraire qui descend vers Valdemossa. Nous retrouvons les chênes verts, les moutons et les chèvres et de petits cochons roses qui provoquent une certaine frayeur à Martine. Puis sur un promontoire qui domine le village des amours de Chopin et de Georges Sand, nous trouvons l'endroit propice pour étaler notre casse-croûte. Ainsi requinqués, nous pouvons entamer la fin de notre parcours pédestre. A l'entrée du village, nous changeons de vêtements pour ôter toute trace de transpiration et de chaussures pour faire respirer les pieds.

Le quartier de Valdemossa, autour de l'abbatiale, est envahi par le tourisme de masse. Cinquante mètres plus loin, le dédale de ruelles fleuries est désert. Les murs des habitations sont couverts de pots de fleur. Une zone de quiétude où il fait bon vivre après la frénésie du quartier des restaurants et des boutiques souvenirs où les gens s'agglutinent de peur de perdre leur repère.L'autocar nous ramène à Palma de Majorque.
Puis nous recherchons le bus de ville qui nous emmènera à l'hôtel. Arrivés près de l'aéroport, Martine se renseigne auprès du chauffeur sur l'arrêt de bus correspondant à notre hôtel. Malheureusement, nous nous y sommes pris trop tard. Nous descendons et rebroussons chemin en longeant le bord de mer. Deux kilomètres de pistes pédestres et cyclables aménagés en front de mer nous séparent de notre résidence.


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A quatre heures du matin, nous quittons la chambre pour prendre un taxi pour l'aéroport.Au moment où le chauffeur vient nous récupérer, le veilleur de nuit nous interpelle pour nous remettre un paquet cadeau destiné aux occupants de la chambre 101, la nôtre. Devant l'insistance du gardien, notre étonnement, notre faiblesse de la langue espagnole et la présence du taxi, nous le prenons, sans réfléchir.
J'enfourne le tout dans mon sac à dos, et nous prenons patience à l'aéroport car l'attente, pour cause technique sur l'avion, sera longue avant d'embarquer d'autant plus que Martine émet des hypothèses, pour les moins absurdes, sur le contenu de la bouteille de vin et du pot de confiture d'orange.