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Lundi 26 juin  

A la traverse, du nord-ouest breton, nous rejoignons le sud-est catalan. Au passage, nous effectuons une petite halte dans une ville dont le nom est synonyme de porcelaine. Limoges, située en dehors des grands axes autoroutiers, n’incite guère à une halte vacancière entre Atlantique et Méditerranée. Nous prenons un petit moment pour découvrir cette ville, traversée par la Vienne. Une ville d’eau et de verdure. De nombreux parcs et jardins fleuris animent la cité d’art et d’histoire.

Ainsi nous découvrons la cathédrale Saint Etienne, chef d’œuvre gothique, les jardins botaniques de l’évêché, le centre historique des quartiers de la boucherie et de la Motte avec ses halles du XIXème siècle. 

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Jardin de l'Evêché - Limoges                                                             Cathédrale et vieux quartier

Mardi 27 juin 

Nous quittons la ville de la céramique pour le pays du Haut Conflent, dans les Pyrénées orientales. Nous avons réservé une nuit au gîte d’étape de Thuès entre Valls. Nous faisons une pause, dans la cité de Villefranche de Conflent,  pour  nous imprégner de l’histoire locale, marquée par l’empreinte de Monsieur de Vauban. Puis nous errons sur les petites routes de Vernet les Bains et de Sahorre avant de trouver la bonne direction du petit village de Thuès. 

A notre arrivée, la porte du gîte est munie d’un digicode dont nous ne connaissons pas le code. Nous téléphonons à la gestionnaire qui nous indique les différentes manipulations pour pouvoir ouvrir la porte d’accès au gîte communal. Nous serons seuls à occuper cette immense bâtisse, avec coin cuisine, salon, salle à manger, véranda. Pour nous restaurer et assurer nos pique-niques des jours suivants, nous devons retourner sur Olette, où nous trouvons une petite supérette et une excellente boucherie. Nous dînons en tête à tête, dans la véranda avec les montagnes pour décor, le bruit du torrent et la douceur du vin catalan. Une discussion acharnée sur le méridien de Greenwich s’étire durant tout le repas. 

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Portail de l'église de Villefranche de Conflent                                       Vue du gîte d'étape de Thuès entre Valls

Mercredi 28 juin: Thuès entre Valls – Refuge de la Carança 

Distance : 10km  Temps : 4h30  Dénivelé : +1268m -248m 

Après avoir réglé notre prestation auprès de la secrétaire de mairie, nous entamons notre périple pédestre en traversant tout le petit bourg pour rejoindre l’entrée des gorges de la Carança. Nous longeons les parois verticales resserrées au milieu desquelles rugit le torrent. Nous montons progressivement, en nous éloignant du lit impétueux. Les premières passerelles métalliques fixées contre la paroi permettent de surplomber le torrent. Ensuite des ponts de singe nous font passer d’un bord à l’autre. Nous grimpons à mi-paroi sur un sentier creusé dans la roche. Nous longeons un vide impressionnant. Une main courante permet, pour les personnes sensibles au vertige, de s’assurer sur les 100 mètres de corniche. Une partie du débit du torrent est dérivée vers une conduite forcée pour alimenter l’usine hydroélectrique de Thuès.  Le chemin devient de plus en plus pierreux, puis il s’élargit pour faire place à un ancien chemin muletier empierré et il s’ouvre sur une vallée glaciaire herbeuse où paissent les troupeaux de bovins. Pour rejoindre le refuge, nous poursuivons le long du torrent. Le sol est maculé de bouses de vaches. Nous entendons les premières sonnailles, puis les premières têtes cornues apparaissent. Des aubracs, à la robe fauve se mélangent aux gasconnes à la robe gris argenté. Le refuge est implanté au milieu du plateau gneissique. Il a une capacité d’une trentaine de personnes. Les toilettes sèches sont, à l’extérieur, à une trentaine de mètres au milieu du troupeau. Pour une envie pressante, en pleine nuit, la mission est délicate. La douche est rudimentaire,  elle est formée de palettes entourées de claustra de bambou, au bord du torrent. La pomme de douche est alimentée par un tuyau plongé dans l’eau vive. Vivifiante, elle ne semble  pourtant pas exercer un attrait irrésistible pour les autres randonneurs. 

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Les nombreux étrangers ne facilitent pas les échanges verbaux comme nous pouvons le constater lors du dîner. Celui-ci est d’une fadeur presque monastique. L’absence d’électricité dans la salle commune incite à regagner tôt le dortoir. 

Caranca
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Jeudi  29 juin: Refuge de la Carança – Village de Mantet 

Distance : 11,5km  Temps : 4h00  Dénivelé : +690m -974m 

Durant cette courte journée, nous allons emprunter le GR 10 jusqu’au village du Mantet. Dès la sortie du plateau, le sentier pierreux grimpe dans une forêt de bouleaux, de sapins et de massifs de rhododendrons.  La brume s’épaissit, le paysage disparaît dans une sorte de voile cotonneux, pour réapparaitre un instant, le temps d’une vision furtive de la montagne. La floraison des rhododendrons met un peu de couleur dans cette atmosphère grisâtre. Nous arrivons sur une vaste zone herbeuse qui marque le col de Pla. La brume s’étiole ou se reforme selon la volonté des mouvements verticaux des brises de pente. Nous croisons un randonneur qui parcourt le chemin de Saint Jacques.  Le chemin suit la ligne de crête et la limite de la réserve naturelle de Mantet. Puis nous entamons la descente vers la vallée. Lors d’une longue pause, nous observons deux marmottes qui jouent, se bousculent, roulent, se redressent, en restant attentives aux bruits environnants et prêtes à se réfugier, à la moindre alerte, dans leur terrier. Nous arrivons par le bas du village. Nous grimpons par une ruelle bien pentue jusqu’à la place de la mairie et de l’église. Nous ne trouvons pas d’indication concernant notre chambre d’hôtes le bouf’tic. Elle est située, à la sortie du village. Mantet est implanté en fond de vallée. Une route sans issue, construite en 1964, le dessert depuis Sahorre.

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Au col de Pla                                                                                    Village de Mantet

Notre hôtesse n’avait enregistré qu’une seule  personne  lors de la réservation. La gérante de l’ancien bistrot de pays nous accueille sans difficulté car la chambre permet de loger trois personnes. Nous profitons, dans la salle à manger, d’une vue panoramique sur les montagnes de Mantet. La pluie se met à tomber drue tandis que nous savourons un café, avec les mélopées d’une musique indienne. Ce soir, deux amis du gîte se joignent  au repas. Les discussions politiques, sociologiques ou culturelles se font dans une ambiance détendue, sereine, agréable en dégustant un menu alléchant. Notre hôtesse et ancien maire du village, est l’un des habitants, qui ont fait revivre ce village partiellement abandonné dans les années 70. 

Mantet
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Vendredi 30 juin: Village de Mantet – Village d’Escaro 

Distance : 13,5km  Temps : 4h30  Dénivelé : +608m -1270m 

Il a neigé cette nuit en altitude. Une fine pellicule blanchit le haut des sommets environnants. Au village, les toitures se font luisantes d’une gelée matinale. Cela ne nous empêche pas d’enfiler un short car le soleil brille de tous ses éclats. La montée vers le col de Mantet longe les pâtures du centre équestre de La Cavale. Au col, nous quittons le GR10 qui se dirige vers Py, pour prendre le GRP des réserves naturelles en direction d’Escaro. Le sentier, en balcon, domine toute la vallée de Py. Des épilobes en fleurs colorent de leur rose carmin les pentes herbeuses. De nombreuses petites fleurs parsèment les estives. Nous laisserons aux botanistes avertis le soin de les identifier et  nous contenterons de leur beauté, de leur teinte, de leur formes si variées. Nous croisons un couple de marcheurs qui redescendent du Pic des trois Estrelles, au sommet duquel flotte le drapeau catalan. Une légère brume nous empêche d’admirer la Méditerranée, si proche. Au col, nous prenons le versant  nord, aux falaises escarpées. Des grêlons, tombés durant la nuit, sont encore visibles le long du chemin. Le panorama est saisissant de beauté. La couleur des roches et leurs formes extravagantes nous accompagnent durant une partie de la descente. Dans le sous-bois, Martine s’arrête brusquement. Une femelle chevreuil dévale la pente, accompagnée de son petit  et d’un troisième larron de taille intermédiaire. Ils coupent le sentier, puis plonge dans la déclivité avec une incroyable agilité. Les derniers kilomètres sont très raides. Nos cuisses s’en souviennent encore.  Puis nous débouchons par un large chemin forestier dans la vallée minière d’Escaro. Le paysage est encore marqué par l’extraction du Spath-fluor qui prit fin en 1991. La végétation a repoussé sur les terrasses de la mine à ciel ouvert, mais les stigmates restent bien marqués. 

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La montée vers le col des trois Estrelles                                              Village d'Escaro

Nous entrons par le haut du village. Le gîte d’étape s’est installé dans les bâtiments de l’ancienne école, accolé à la Mairie. Nous sommes arrivés avec deux heures d’avance sur l’heure d’ouverture. La pluie se met à tomber. Nous nous abritons dans l’entrée de la maison du peuple. Je profite de cette attente pour aller visiter le petit musée de la mine, qui, au travers des nombreux objets récupérés, remis en état,  présente la vie minière de la commune d’Escaro-Ayta. Entre les premières mines, les concessions industrielles, les luttes sociales, je découvre la vie d’un village, qui d’une époque glorieuse, accueillant des travailleurs étrangers, se voit petit à petit décliner au fur et à mesure des fermetures des exploitations à partir des années 60. 

Cinq coups au clocher, et nous nous présentons à l’hôtesse de la Trobada. Nous serons les seuls à occuper les lieux, enfin presque. Nous avons une chambre spacieuse, du nom du chêne vert (Alzina en catalan). Nous dînerons en tête à tête, tandis que les gérants accueilleront des amis. Des retrouvailles musicales, car chacun se met à accorder sa guitare et à improviser un beuf, tendance bossa nova, latino et  chanson française tandis que nous savourons un délicieux repas aux accents méditerranéens. Nous aurons droit à une petite sérénade sud-américaine pour conclure notre dîner. Nous irons nous coucher, en ayant profité d’une soirée inattendue et marquante de sympathie. 

Escaro
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Samedi 1er juillet: Village d’Escaro - Py – Refuge de Mariailles 

Distance : 18,5km  Temps : 8h00  Dénivelé : +1613m -812m 

Après un bon petit-déjeuner roboratif, nous reprenons la route jusqu’au cimetière d’Escaro. Un petit sentier s’engage dans le sous-bois. La pente est assez raide. Nous dominons la vallée d’Escaro, avant de passer sur la vallée de Sahorre. Le couvert des arbres se raréfie, le chemin en balcon devient, par endroits assez vertigineux. Nous cheminons à flanc de montagne en profitant d’une vue panoramique exceptionnelle. Ce GRP, malgré un balisage bien entretenu est vraiment  peu fréquenté. Le chemin s’enfonce, à nouveau dans la végétation. Une ancienne cabane de bergers, en forme de four à pain, est envahie par les broussailles, les ronces et les orties. Celles-ci se frottent à nos mollets qui s’en trouvent rapidement bien démangés. La vallée se rétrécit, le village de Py apparaît en contrebas. Dans les petites ruelles du village, nous partons à la recherche de l’épicerie, notre seul point de ravitaillement pour les trois jours suivants. Le rideau est baissé. Nous montons au bar-restaurant situé au-dessus. Nous nous installons pour prendre un café. Pour l’épicerie, le gérant nous l’ouvrira pour que nous puissions faire nos emplettes. Un demi-pain de 500g sera enfourné, le temps que nous déjeunions d’une assiette sandwich-saucisse-frites-crudités sur la terrasse. La chance est avec nous, car le producteur de fromages vient livrer ses tommes et ses petits crottins de chèvres tandis que nous dévorons avec appétit notre assiette montagnarde. 

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Sentier vertigineux                                                                           Cairn insolite

Les sacs bien remplis, nous quittons le petit village de Py pour rejoindre, par le GRP, le refuge de Mariailles. La grimpette est ardue. Les mollets sont mis à rude épreuve. Nous croisons deux cueilleurs de champignons qui font leur récolte de cèpes et de girolles. Un d’entre eux, à l’aspect ogre des bois, nous signale un dernier raidillon avant l’arrivée. Une piste forestière nous amène au niveau d’un vaste parking. De nombreux GR convergent vers ce lieu et notamment, pour les personnes qui envisagent l’ascension du Pic du Canigou. Le refuge affiche complet. Les dortoirs sont vastes et la promiscuité assez relative. Par contre la salle à manger est bruyante et il est très difficile de discuter et échanger lors du repas. 

Mariailles
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Dimanche 2 juillet: Refuge de Mariailles- Refuge des Conques 

Distance : 15,6km  Temps : 5h30  Dénivelé : +759m -870m 

Dès 6h30, le dortoir est sous l’emprise de trois pipelettes qui n’incitent pas à rester tranquillement somnoler. Nous quittons le refuge en direction des Mattes rouges, en suivant une large piste forestière balisée GR10. Puis nous la quittons à mi-pente pour une montée à travers les massifs de rhododendrons jusqu’à la croix de la Llipodère. Durant notre pause, Martine interpelle un trailer. Nous discutons de sa passion pour la course. Il prépare le trail du Canigou avec une charge de 8 kilos. Sa sérénité et son  enthousiasme nous amènent à revoir notre jugement sur ces adeptes de la vitesse tandis que nous découvrons la montagne à la lenteur de l’escargot avec sa grosse besace sur le dos. Le terrain s’aplanit pour faire place à un vaste causse herbeux ; quelques pierres au sol permettent de suivre le balisage blanc et rouge. Le pic du Canigou est sous une brume épaisse. Le vent souffle en rafales, rafraîchissant nettement l’atmosphère à tel point que nous nous couvrons comme en plein hiver. Je sors, pour la première fois, le pantalon et la veste. Capuche et gants de soie ne sont pas de trop pour une température ressentie proche du zéro. Nous passons la collada del vent. Celui-ci porte bien son nom. Le vent de nord-est s’y engouffre. Ensuite nous retrouvons un peu plus de calme.

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Lever de soleil au refuge de Mariailles                                                Troupeau en liberté

Nous pouvons enlever quelques couches. Lors de la pause, je m’approche de la crête rocheuse. Quelle surprise ! A 30 mètres en dessous, j’aperçois un isard. Il a senti ma présence et tourne la tête vers moi. Nous nous fixons du regard. Cette confrontation visuelle dure une bonne minute, puis il reprend tranquillement son chemin. Je me recule sans bruit, afin d’avertir Martine, de me rejoindre. Lorsque nous revenons sur le rebord, il a disparu. Le paysage change. Des blocs de roches, des pins rabougris et des massifs de rhododendrons parsèment une herbe rase. Nous profitons de l’abri des rochers et du moelleux du sol pour étendre notre natte de pique-nique. Nous longeons encore la crête jusqu’à un croisement avec le sentier de la ronde du Canigou. Malgré la brume, nous distinguons la Méditerranée. Nous entamons une descente au milieu des troupeaux de vaches. Puis nous contournons d’énormes chaos rocheux. Après une forte descente dans un bois, le refuge des Conques apparaît. C’est un immense bâtiment moderne, aux larges façades vitrées, accessible en voiture. De nombreux randonneurs en famille y viennent finir leur journée autour d’un verre. Nous avons droit à un dortoir de 16 places pour nous deux. Nous déballons nos sacs et nous nous étalons sans le moindre complexe. Nous dînerons en tête à tête car le gérant n’attend pas d’autres itinérants. Les sanitaires sont luxueux. Le repas est correct mais mériterait d’être plus copieux. La discussion avec le gardien peu prolixe est sommaire car il est catalan mais de  nationalité espagnol. 

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Lundi 3 juillet: Refuge des Conques - Refuge d’Ull de Ter 

Distance : 11km  Temps : 5h00  Dénivelé : +1133m -513m 

Nous devons revenir sur nos pas jusqu’à la crête pour continuer notre tour des réserves naturelles. Nous retrouvons notre troupeau de vaches qui décide de s’installer à l’endroit même où j’ai déposé mon sac pour effectuer une vidéo. Je dois  rapidement déménager car le bovidé est têtu et ne dévie pas d’un pouce.  Nous remontons sur la crête où le vent du nord nous surprend. Nous enfilons dare-dare notre polaire pour affronter ce zéphyr glacial. Le sentier est agréable. Nous pouvons marcher sans avoir les yeux rivés sur le sol. Les grands espaces  herbeux tels une steppe font le bonheur des troupeaux de vaches et de chevaux. Ils divaguent en totale liberté, au son des cloches qui pendouillent à leur cou. Un petit groupe de cavaliers nous suit, depuis une bonne heure, puis nous les perdons de vue comme nous perdons la trace du chemin. Nous devons revenir sur nos pas et nous retrouvons quelques piquets cerclés d’un balisage jaune et rouge. Ils nous mènent jusqu’au porteille de Mantet. Au nord, le village du Mantet, au sud la station de ski de Vallter et le refuge.

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Steppe pyrénéenne                                                                          Porteille de Mantet
Nous piquons dans la descente pour aboutir au milieu d’immenses parkings asphaltés, dans une station fantôme. Le refuge se situe sur le GR11, au-dessus des parcs de stationnements. Bien au-dessus. Un dernier effort est nécessaire pour arriver devant une belle construction de pierres. Où sont passés les randonneurs ? La situation se renouvelle encore. Pour le moment, nous sommes les seuls hôtes de ce magnifique endroit. Pour le confort, cela n’est pas pour nous déplaire car nous aurons droit de prendre nos aises dans un dortoir pour huit, mais pour la convivialité, c’est un peu triste. D’autant plus que notre espagnol est très spontané. 

Côté dîner et petit déjeuner, chapeau les espagnols. Ils savent nourrir leurs pèlerins. De la confiture bonne maman au petit déjeuner, y’ a pas photo. 

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Mardi 4 juillet: Refuge d’Ull de Ter – Refuge de la Carança 

Distance : 15,8km  Temps : 5h30  Dénivelé : +705m -1114m 

Pour la première fois, nous avons d’autres randonneurs en point de mire. Nous suivons le GR11 jusqu’au col de la Vaca, sur la frontière franco-espagnole. Nous grimpons gentiment vers la crête. Nous basculons, côté espagnol, dans une large vallée. Quelques névés subsistent sur les flancs est. En y regardant de plus près, je distingue un isard qui se rafraîchit. Il s’agit d’une femelle suivie d’un petit. Puis toute une harde dévale la neige, et se répand au pied de la montagne, à bonne distance de notre poste d’observation. Je regrette de ne pas avoir ma paire de jumelles. C’est le prix à payer pour ne pas avoir trop de poids sur le dos. Nous continuons notre chemin jusqu’au bout de la vallée, et près d’une cabane abri, nous remontons vers la crête. Une vision à 360° s’offre à nous. Le pic de l’infierno se dresse devant nous, il porte bien mal son nom, car c’est le paradis que nous avons devant nos yeux ébahis. La vallée de la Carança s’étire à perte de vue, découvrant une multitude de petits lacs en cascade. La descente s’amorce au col de la Vaca. Le lac bleu apparaît dans son écrin de verdure et d’ouate blanche. Nous croisons de nombreux randonneurs espagnols qui bouclent autour de l’infierno. Nous foulons, au bord du laquet notre premier et unique névé. Sur la rive du lac de la Carança, nous déposons nos sacs pour une longue pause. La tête en l’air, l’esprit vagabonde à regarder les nuages s’effilocher, se désintégrer, se souder ; à imaginer des figures humaines ou animales.

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Au fil de l’eau, le torrent de la Carança nous entraîne sur des replats où il s’épand en zones humides, là où les alevins de truites trouvent un lieu propice à leur épanouissement. Puis il retrouve dans les pentes sa vitalité, sautant de rochers en rochers. Dans une de ces petites cavités, Martine s’y plonge avec volupté, bravant la fraîcheur de l’onde. Pour ma part, je vais attendre sagement de faire mes ablutions à la douche plein-air du refuge. 

Comme je le pressentais, à l’arrivée au refuge, notre réservation n’a été prise en compte. Heureusement quelques places restaient disponibles. Nous nous installons dans un dortoir bondé. 

Nous appréhendons le repas du soir, et c’est avec étonnement que nous dégustons un savoureux chili con carné en compagnie de randonneurs belges berlinois ? entr’aperçus au refuge de Mariailles.  

Au moment de me mettre au lit, mes vêtements chauds ont disparu. Je les cherche en vain et j’en conclus qu’un importun s’en est emparé. Dans les endroits les plus propices à une certaine forme de solidarité, de confiance, de respect, il se trouve des individus peu scrupuleux. 

En slip, je me glisse dans mon sac à viande, l’esprit chagriné par la perte de mes helly-hansen que je traînais depuis une bonne dizaine d’années. 

Et pour m’aider à trouver le sommeil, un concert quadriphonique de ronfleurs envahit ma sphère auditive. Entre ces bruits de gorge, les descentes aux toilettes, le bruit des sonnailles et du torrent par la fenêtre entr’ouverte, vous devinez le manque de sommeil lors du lever à 6h15. 

Mercredi 5 juillet: Refuge de la Carança – Village de Thuès entre Valls 

Distance : 10km  Temps : 4h00  Dénivelé : +248m -1258m 

La boucle étant bouclée, nous revenons sur nos pas pour rejoindre le village de Thuès entre Valls. Le passage des passerelles au-dessus de la Carança est stressant pour Martine alors que le passage de la corniche ne semble pas l’affecter malgré l’à pic des gorges. Nous récupérons notre véhicule, nous repassons à Olette  faire quelques emplettes puis nous nous dirigeons vers un des plus beaux villages du Confluent : Eus. 

Le village présente quelques particularités intéressantes notamment l’église romane.

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Le refuge de la Carança                                                                    Village d'Eus

Notre séjour va se prolonger deux jours sur Prades afin de parachever la connaissance de ce secteur du Haut Confluent. Nous avons réservé une chambre d’hôtes « le 225 », tenue par un couple d’anglais. L’accueil est remarquable. Nous disposons d’une terrasse ombragée avec boissons chaudes ou réfrigérés à volonté, d’un parking privé, d’une piscine pour nous délasser de nos journées de marche.  

Malgré la recommandation de notre hôtesse sur le choix du restaurant, nous serons confrontés à une interprétation fantaisiste de la carte avec un accompagnement du plat qui ressemble plus à celui du menu du jour qu’à celui commandé. Bien que la qualité des produits et la façon de cuisiner soient irréprochables, le stress des réclamations n’a pas permis de savourer pleinement ce moment. 

Jeudi 6 juillet 

Le petit déjeuner ! Un must. Gâteaux maison, salade de fruits frais, brioches, pain aux céréales, que du bonheur.  

Notre journée culturelle commence par la visite de la cathédrale de Prades et de son trésor. Puis nous enchaînons, à Villefranche de Conflent, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, par la visite des remparts qui entourent une bonne partie de la cité. Nous circulons dans un chemin de ronde couvert qui laisse voir, au travers des meurtrières, les voies d’accès à la ville fortifiée. Par les ruelles, nous atteignons la voie ferrée du petit train jaune. Nous traversons les rails pour nous retrouver  dans l’enclave du Fort Libéria. Cent cinquante mètres de dénivelé nous attendent pour rejoindre la cour intérieure de la forteresse. Pour l’aller, nous optons pour une montée par l’extérieur, et nous nous réservons l’escalier souterrain de 734 marches pour le retour. La sentinelle de pierres permet d’avoir une  vue remarquable sur toute la vallée et la ville de Villefranche. 

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Après la page historique consacrée aux fortifications de Monsieur de Vauban, nous filons à Vernet les Bains prendre une petite cure supplémentaire de ruelles grimpantes. 

En rentrant à Prades, pour clore en beauté,  nous nous offrons une petite visite au musée d’arts, installé dans l’ancienne prison, qui présente des œuvres picturales de deux peintres roussillonnais : André Vivès et François Granger. 

Pour le dîner, nous nous installons, en terrasse, sur la place de l’église, avec au menu une délicieuse daurade à la plancha. Nous faisons un bilan de cette boucle GRP des réserves naturelles. Ainsi  La variété des paysages rencontrés chaque jour, la vie animale domestique et sauvage, la flore variée et abondante, l’accueil des chambres d’hôtes dans les petits villages isolés, la quasi confidentialité de ce parcours nous ont littéralement enchantés.