Chemin faisant vers la Bretagne, nous prenons les routes de traverse pour remonter des Pyrénées vers Le Bugue en Dordogne, notre prochaine étape. En parcourant la France en dehors des autoroutes, nous découvrons des villages pittoresques qui méritent une petite visite. Ainsi, nous nous arrêtons au pied de Montflanquin, bastide médiévale située dans le département du Lot-et-Garonne. Nous grimpons vers le cœur de la bastide, nous débouchons sur la place des arcades où sont regroupés les services communaux, les commerces de bouche et d’artisanat. Nous parcourons les carrérots ou rues piétonnes bordées de maisons en pierre, en briques et colombages datant du XIIIème siècle. C’est une halte fortuite et pleine d’attrait. Nous passons un moment hors du temps avant de reprendre la route.
Place des Arcades à Montflanquin Rue de Montflanquin
Avant de prendre possession d’un petit appartement situé dans le centre ville du Bugue, nous bifurquons en direction du Buisson-de-Cadouin pour trouver la fraîcheur d’une grotte aux cristallisations géologiques remarquables. En effet, cette grotte découverte récemment renferme des excroissances qui défient la pesanteur, des excentriques. Pendant quarante-cinq minutes, nous parcourons une galerie où les concrétions calcaires ressemblent étrangement aux squelettes coralliens. A quelques kilomètres, le jardin de Maubuisson présente plus de 300 variétés de bambous et de graminées. Le jardin entretenu par une association est un havre de paix, nous nous promenons dans une véritable forêt asiatique où la grosseur des cannes est impressionnante. Grâce à des panneaux didactiques, nous apprenons la manière de maîtriser ces plantes traçantes.
En arrivant au Bugue, nous profitons de la fin de journée pour réserver notre canoë pour le lendemain, parcourir le village et faire quelques emplettes pour notre pique-nique sur l’eau.
Dimanche
La fourgonnette taxi nous emmène à notre base de mise à l’eau, située au lieu-dit Campagne. Nous embarquons pour une balade sur la rivière La Vézère. Nous nous dépêchons de mettre un peu de distance avec un groupe familial très bruyant. La rivière est large, le courant est très faible. Nous devons pagayer sans arrêt pour avoir l’impression d’avancer. L’eau est peu attrayante pour le bain. Sa couleur chocolat et sa turbidité limoneuse ne nous motivent pas pour y faire trempette. Nous nous arrêtons sur une plage de galets, située en face du château de La Borie, le temps de la pause méridienne. La Vézère amont nous avait, l’an passé, emballés. Le cours de La Vézère aval ne nous procure pas un plaisir inoubliable. Nous arrivons à la confluence avec la Dordogne, en face d’un des plus beaux villages de France : Limeuil. Nous débarquons sur la plage située sur la rive opposée. L’eau est devenue transparente. Au bout de 15 kilomètres et à l’heure dite, nous sortons à l’endroit indiqué par une pancarte. 
Le temps d’une courte halte à l’appartement puis nous repartons pour Limeuil. Nous montons vers les jardins panoramiques implantés à l’emplacement d’un ancien château fort. Le promontoire domine la confluence de la Vézère et de la Dordogne. Nous visitons le jardin en participant à un escape-garden. Malgré sa réticence, Martine ne boude pas son plaisir de découvrir certaines des énigmes au gré des jardins thématiques. Comme deux gosses, nous passons un bon moment de détente et de botanique. A la fin de la visite, nous profitons de la terrasse arborée de charmilles pour goûter des glaces artisanales aux saveurs surprenantes : citron-basilic, hibiscus.
Lundi
Cap vers le nord. Notre prochaine étape se situe sur les bords de la Loire à Chaumont-sur-Loire. Entre temps nous faisons halte à Amboise. Nous allons découvrir le château royal. Au pied des remparts, il en impose. Parvenu sur les terrasses, la demeure seigneuriale paraît étonnamment étriquée par rapport aux vastes esplanades et jardins qui l’entourent. La vue panoramique sur la Loire et la ville est magnifique. Nous nous laissons tenter par la visite commentée. Notre guide démonstrative, volubile et exubérante nous emmène, dans un premier temps, dans la vie quotidienne de la cour de Charles VIII et d’Anne de Bretagne. Nous parcourons ainsi les salles gothiques et renaissance, puis nous passons dans un style Louis-Philippe. Nous redescendons vers les jardins par une tour cavalière. Après avoir parcouru les jardins paysagers, en visite libre, nous déambulons dans le logis royal.
Château d'Amboise et ses jardins Coucher de soleil sur le port de Chaumont sur Loire
Maintenant, il est temps de rejoindre notre appartement sur les bords de Loire. Notre location se situe sous le château de Chaumont, à quelques pas du centre-ville. Nous dînons la fenêtre ouverte, en profitant d’un beau coucher de soleil sur le fleuve où flottent quelques fûtreaux, toues et gabares, embarcations emblématiques du transport fluvial au XIXè siècle.
Mardi
Le 30ème festival des jardins du château de Chaumont a pour thème : le jardin idéal. Dès l’ouverture, nous grimpons la rampe qui mène vers la forteresse. Nous consacrons cette matinée à la découverte des 25 parcelles élaborées par des concepteurs (architecte, paysagiste, urbanisme, jardinier) internationaux. Nous sommes ébahis par certaines réalisations. Ainsi, le banquet, le cocon végétal, ma maison est un jardin et le jardin idéal ont retenu toute notre attention. Une pause à l’appartement est la bienvenue avant de retourner admirer les œuvres d’art contemporain disséminées dans les différents bâtiments de la ferme, les écuries et le château. Nous quittons ce lieu de cultures avec des images de ravissement dans la tête.
Nous devons nous rendre au domaine viticole des Pierrettes pour honorer le cadeau de Noël de nos enfants. Ils nous ont offert un vol en montgolfière au dessus du Val-de-Loire. Nous embarquons dans des 4x4 en direction du terrain d’envol. Nous sommes à pied d’œuvre dans une prairie fraîchement fauchée. La nacelle qui peut contenir jusqu’à 16 passagers est impressionnante. Des volontaires sont demandés pour tenir la gueule du ballon afin d’y faire rentrer l’air froid ventilé. Je me propose. Je vois l’immense toile prendre du volume. Puis les brûleurs sont allumés pour envoyer de l’air chaud afin que la grosse bulle multicolore se dresse vers le ciel. Nous embarquons rapidement. La montgolfière se libère de son attache reliée au treuil du 4x4 et monte dans les airs. L’ascension s’effectue en douceur. Nous passons au dessus de la voie ferrée, puis de la Loire. Nous survolons le château de Chaumont qui paraît miniature.
Entre deux coups de brûleur, le silence est roi. L’impression de se déplacer au ralenti est ressentie par tous les occupants. Et pourtant nous avançons inexorablement au gré du vent dans l’intérieur des terres. Les moissons battent leur plein. Les engins agricoles sont semblables à des jouets. Nous grimpons à une altitude de 800 mètres. Au bout d’une demi-heure de vol, l’aéronaute cherche une parcelle pour atterrir. Nous perdons de l’altitude. A faible hauteur, la vitesse se fait sentir, les champs défilent sous nos yeux, quelques chevreuils effrayés par le bruit des brûleurs s’enfuient à travers les cultures, puis un renard court se cacher dans les fourrés. L’atterrissage est imminent, nous nous accroupissons et attendons le choc avec le sol en essayant de jeter un regard furtif vers l’extérieur. Quelques rebonds, une glissade et la nacelle s’immobilise en tombant sur le côté. Nous sortons tant bien que mal de cette position couchée. Tout le monde met la main à la pâte, pour dégonfler, plier et charger l’immense toile. Nous rentrons en direction du chai pour un pot de convivialité et la remise de notre diplôme de vol en machine aérostatique.
C’est ainsi que nous terminons nos vacances aux multiples facettes avec une certitude de ne plus être en mesure d’accomplir des randonnées avec de gros dénivelés sur des terrains pierreux et accidentés. Cependant la montagne est si belle que nous allons prospecter les destinations aptes à nous procurer bien du plaisir.