Dimanche 6 mars
En cette dernière journée des vacances scolaires de février, nous en profitons pour faire nos malles afin de bénéficier d’un calme relatif dans les massifs enneigés du Beaufortain. La route se fera sans péages et sans camions pour faire une halte dans les coteaux du Mâconnais. David de La Grange de la Ferdière nous attend dans sa structure chambre et table d’hôtes. Nous devenons des habitués de cette belle demeure bourguignonne. Le maître des lieux nous a préparé un bon repas accompagné d’un Saint Véran, cépage Chardonnay, millésime exceptionnel 2020. Au menu : velouté de potimarron, rissotto de poulet au cèpes, fromages bourguignons, poire au vin de Charoubles vieilles vignes.
Lundi 7 mars
Après cette étape gastronomique, nous reprenons la route en direction d’Annecy. Nous trouvons une place de parking sur les hauteurs, près de la mairie d’Annecy le Vieux. De nombreux parcs, pistes piétonnes et cyclables nous permettent d’arriver sur les rives du lac sans souffrir de la circulation automobile. En longeant le bord de l’eau sur plusieurs kilomètres, nous rejoignons la petite Venise savoyarde. Nous frissonnons devant les baigneurs qui osent s’aventurer dans cette onde glaciale. Nous déambulons en contemplant les canaux qui sillonnent le centre-ville. En milieu d’après-midi, nous poursuivons notre périple jusqu’à notre destination finale. Nous avons jeté notre dévolu sur une chambre et table d’hôtes sur la commune de Queige, près de Beaufort. Les derniers kilomètres pour atteindre la Grange aux Loups s’effectuent sur une route étroite, sinueuse et sèche, heureusement pour nous néophytes de la conduite sur neige.
L’accueil enthousiaste de Clotilde nous fait augurer d’un séjour fort plaisant. Nous sommes logés dans une grande chambre mansardée pleine de charme. Du chalet, nous voyons le sommet du Mont Blanc ensoleillé. A 19h30, tous les hôtes se retrouvent autour d’un apéro de bienvenue. Nous faisons la connaissance de Paul, le mari de Clotilde. A table, nous sommes installés à côté de deux toulousains adeptes du ski de randonnée. Pour ce premier repas, nous découvrons les pormoniers, saucisses aux herbes, la tomme de vache du fermier voisin et le far aux pruneaux savoyard.
En vue de notre randonnée du lendemain, Paul nous oriente vers Molliessoulaz, pour une trace au départ du parking des Croix vers le Haut du Pré. Nos colocataires qui en reviennent, nous préviennent de l’existence de plaques de glace sur les derniers kilomètres avant le parking. Martine n’est pas très motivée par la randonnée proposée.
Mardi 8 mars
Distance : 7km
Dénivelé : ±560 mètres
Nous préparons notre fourbi avant de quitter notre hébergement. La route est stressante en raison de l’absence de rambardes de sécurité et d’une largeur ne permettant pas, sur certaines portions, le croisement de deux véhicules. Les plaques de glace sont bien présentes mais ne gênent pas la montée. Nous chaussons les raquettes et débutons la randonnée, selon les dires de Paul «droit dans le pentu». Malgré les 3°c, nous sommes rapidement en sueur dans ce dénivelé imposant, au milieu des épicéas. Un rayon de soleil vient illuminer l’effigie d’un aigle sculptée à la tronçonneuse dans un fût de résineux. Ensuite une piste forestière nous permet de reprendre notre souffle et d’admirer le panorama. Au débouché de la piste, une vaste étendue neigeuse s’offre à nous. Un skieur la dévale en toute tranquillité. Avec quelques années de moins au compteur, nous pourrions envisager l’apprentissage de la glisse pleine nature. Nous entreprenons sa montée jusqu’au premier chalet, puis nous nous orientons au sud pour rejoindre le Haut du Pré. A mi-parcours, nous faisons une pause au niveau d’un abri couvert d’une épaisse couche de neige. Le soleil éblouissant et le ciel bleu azur nous plongent dans une sorte de félicité face au Mont Pourri.
Sculpture d'un aigle à la tronçonneuse Chalet d'alpage
Lors de la descente, il me prend l’envie d’essayer de rejoindre le véhicule en récupérant une autre piste en contrebas. Pour cela, il nous faut couper à travers bois. Après le chalet forestier, de nombreuses traces me mettent en confiance. Au bout d’une demi-heure, nous déchantons, les traces se perdent au milieu de passages scabreux. La prudence nous incite à revenir sur nos pas. Nous récupérons le tracé initial qui nous ramène tranquillement au parking. Dans la descente, la voiture flotte un peu sur la glace, au grand dam de Martine qui se rappelle, néanmoins, ses formations de conduite sur piste, pour me donner les bons conseils. La Grange aux Loups ne fait pas table d’hôtes ce soir. Après de nombreux atermoiements, nous optons pour le restaurant «O besoin d’air» à Albertville pour dîner. Auparavant, je dois trouver des rondelles pour mes bâtons, qui viennent de lâcher. Avant le repas, nous visitons, by night, la cité médiévale de Conflans. Le restaurant est une fort bonne découverte, tant sur le prix, la qualité et l’accueil.
Tracé sur Sitytrail - carte IGN - support androïd
Mercredi 9 mars
Distance : 9km
Dénivelé : ±475 mètres
Sur les conseils de Clotilde, nous empruntons, à partir de Queige, une petite vicinale pour parvenir jusqu’à la station de ski de Bisanne 1500. Tout au long du trajet, ma passagère serre les fesses dans la crainte de voir débouler un véhicule en sens inverse. Nous investissons dans la brochure de l’office du tourisme qui recense les circuits raquettes damés ou pas sur le domaine des Saisies. Nous partons du lieu-dit « Les Quartiers » en direction de la Croix de Coste. Le sentier sinue dans la forêt. Puis nous rejoignons la piste de ski avant d’entamer une bonne grimpette qui nous amène au pied d’un énorme pylône de communications. Le chemin balisé à l’aide de bâtons violets se dirige vers le Mont Bisanne.
Dans la forêt de résineux Randonneuse en raquettes
Nous traversons quelques pistes bleues où évoluent les skieurs locaux. Sur le Mont Bisanne, nous retrouvons l’ambiance ski alpin, arrivée des télésièges, restaurant d’altitude. Sans nous attarder longuement, nous redescendons afin de trouver un endroit tranquille et dégagé pour pique-niquer. Lors d’un petit détour, en vue d’examiner cette Croix de Coste, Martine casse une lanière d’une de ses raquettes. Nous continuons à pied sur une trace heureusement bien damée par le passage répété de nos modernes coureurs des bois. La randonnée se termine sur une sente mi enneigée, mi dégagée. Nous allons à Beaufort louer une paire de raquettes afin que Martine puisse poursuivre en toute tranquillité nos pérégrinations montagnardes. Nous en profitons pour acheter du Beaufort à la Fruitière de la coopérative.
Nous dînons avec nos hôtes et ceux de Toulouse, Dominique et Gérard. La gouaille de Gérard et son accent catalan animent la tablée autour d’une tarte à tout.
Paul nous conseille une balade du côté d’Arèches vers le sommet du Mirantin.
Tracé sur Sitytrail - carte IGN - support androïd
Jeudi 10 mars
Distance : 9,6km
Dénivelé : ±640 mètres
Les petites communes de la vallée défilent : Queige, Villard sur Doron et Arèches-Beaufort avant que nous empruntions la route vers le Planay, la station de ski. Il y règne une effervescence autour de la course mythique de la Pierra Menta dont c’est la 36éme édition. Nous traversons la station en direction du hameau des Granges malgré la peur au ventre de ma copilote pour les mêmes raisons qu’évoquées précédemment. Enfin nous nous garons sur le bas côté. Toujours droit dans la pente, nous arrivons essoufflés au Plan Villard, 200 mètres plus haut, pour pouvoir chausser nos raquettes. La grimpette continue vers un alpage que domine la Légette du Mirantin (2353m). A la cote 1924 mètres, les jambes flageolantes par cette rude montée, nous commettons l’erreur de descendre dans le vallon de la Frasse avant de nous rendre compte que le tracé continue sur l’autre versant. Nous nous rattrapons rapidement, sans doute sous le regard amusé et narquois d’un groupe de raquettistes. La trace suit une courbe de niveau proche de 1800 mètres jusqu’au lac de Clou.
Nous nous posons près d’un chalet, sur une zone déneigée, avec sous les yeux, un vaste panorama dont La Pierra Menta et l’aiguille du Grand Fond. La météo est exceptionnelle; soleil et ciel bleu nous accompagnent depuis le début de notre séjour. Nous terminons notre boucle sur une route forestière en balcon avant de rejoindre Plan Villard. A Queige, nous nous arrêtons au bar-presse nous réconforter d’un chocolat chaud.
Ce soir, durant l’apéro journalier de bienvenue, nous faisons connaissance avec un couple de skieurs bruxellois fort sympathique. Plat traditionnel de la Savoie, la tartiflette est dégustée avec appétit.
Tracé sur Sitytrail - carte IGN - support androïd
Vendredi 11 mars
Distance : 8,7km
Dénivelé : ±760 mètres
Au lever, c’est la petite forme. Nous quittons la Grange aux loups en direction du village des Granges sur la commune de Hauteluce. Nous stationnons en aval des maisons d’habitation afin de ne pas déranger les autochtones. A pied, nous rejoignons le départ des sentiers d’été, puis nous montons vers la forêt, sur un chemin partiellement dépourvu d’or blanc. Nous nous méfions des pommes de pin qui glissent sous les semelles et des plaques de glace sournoises. A Montaz 1500, nous pouvons sortir du bois et chausser nos raquettes dans une vaste clairière. Les marques jaunes nous dirigent à nouveau vers la forêt. La montée est rude mais la forme physique revient peu à peu. Puis nous débouchons sur une zone d’alpage immaculée de poudre blanche. Des chalets parsèment le paysage de leur teinte boisée. Ils sont de bons amers pour suivre le tracé. Nous profitons également de nombreuses traces de randonneurs à ski ou en raquettes pour poursuivre notre route sur une neige moins poudreuse. A la Commanderie, nous nous offrons un instant de repos à l’abri des murs d’un chalet fraîchement rénové. Le ciel laiteux semble se confondre avec le paysage. Nous reprenons notre ascension vers la cote 1926 afin de bénéficier d’un panorama à 360°c. Le Foëhn, vent de sud, balaye par rafales le dôme enneigé. Sous ces bourrasques à décoiffer des bigoudènes, nous enfilons bonnet et capuche. Du haut, nous contemplons le barrage et le lac de la Girotte ; à l’horizon nord-est, le massif du Mont Blanc, au sud les monts de la Tarentaise, au nord-ouest la chaîne des Aravis. Quelques photos, puis frigorifiés, nous redescendons rapidement vers la Commanderie. A l’aller, nous avions repéré une table de pique-nique sous l’auvent du chalet retapé. Nous allons en profiter pour nous mettre à l’abri et déguster nos produits locaux.
Quelques chutes émaillent notre descente dans la forêt, sans gravité hormis des salissures boueuses sur le pantalon. Nous suivons un groupe de skieurs qui semblent plus à l’aise avec leurs chaussures de ski rigide. Au bas de la descente, nous rechaussons nos raquettes pour traverser un champ de poudreuse afin de revenir au droit de notre véhicule. Nous nous arrêtons à Hauteluce visiter le village et notamment l’église baroque du XVIIéme à la façade peinte et décorée. Son clocher à bulbes culmine à 55 mètres. Elle est dédiée à Saint Jacques d’Assyrie, premier archevêque de la Tarentaise. Au bar-épicerie, nous profitons d’une terrasse panoramique pour déguster un petit café.
Le menu du soir fait la part belle aux gnocchis à l’ail des ours. En dessert, Paul nous confectionne des boules de glace au génépi arrosé de la liqueur maison du même nom.
Tracé sur Sitytrail - carte IGN - support androïd
Samedi 12 mars
Distance : 8km
Dénivelé : ±620 mètres
Nous avons demandé à Paul, pour notre dernière journée Beaufortaine, une rando assez cool. Il nous propose une randonnée en boucle au départ du village de Boudin, sur la commune d’Arèches-Beaufort, Il est classé «site protégé» par les Beaux Arts au regard de ses chalets centenaires inscrits à l’inventaire du patrimoine. Je gare le véhicule au bas du village, à l’entée du chemin de Boudin. Nous économisons ainsi 2 kilomètres de stress, en compensation nous bénéficions de 200 mètres de dénivelé positif. Nous passons devant la petite chapelle baroque rénovée, dédié à Saint Jacques. L’intérieur est magnifiquement peint. Nous traversons le village par un petit sentier d’interprétation, puis nous prenons le sentier d’été totalement dégagé de neige jusqu’à la route forestière des Colombières. Au bout de 300 mètres, nous récupérons la trace donnée par Paul. Nous chaussons nos raquettes et poursuivons, dans une zone d’alpage, en suivant la route forestière aux contours bien visibles. Nous bifurquons de temps à autre pour éviter de trop longs lacets. Des chalets s’égrainent le long du parcours, Dans l’auvent de l’un d’entre eux, nous faisons une courte pause pour grignoter quelques fruits secs.
Chapelle de Boudin Au pied de la roche Parstire
Après les Bouchets, nous longeons une muraille pierreuse : la Roche Parstire. Au bout du chemin, nous entrons dans un bois, sur un sentier ressemblant à des montagnes russes. A l’occasion d’une trouée, à l’embranchement de plusieurs sentes, nous percevons un panorama saisissant sur le massif du Mont Blanc. Nous replongeons à travers les résineux pour déboucher au col du Pré. Le vent froid et violent nous incite à nous réfugier contre le pignon du chalet. Nous sommes rejoints par un couple de Nantais. La descente est relativement raide. Nous préférons abandonner le tracé de Paul et emprunter le sentier d’été, totalement sec. Nous traversons à nouveau Boudin. A Beaufort, Martine rend ses raquettes, puis nous nous dirigeons vers la fruitière pour ramener le fromage local. Tous les compétiteurs de la Pierra Munta ont eu la même idée. Nous contournons la file indienne en nous servant de produits préemballés. En cette fin d’après-midi, nous retournons sur Albertville, voir en vision diurne, la cité de Conflans. La morte saison n’incite pas à prolonger notre pérégrination dans les ruelles et les jardins déserts.
Vers 18h00, dans notre chambre, nous ressentons de fortes vibrations et un bruit assourdissant. Un séisme de magnitude 4,2 vient de secouer le secteur d’Albertville. Pour ce dernier dîner, Clotilde nous a concocté une fondue au Beaufort accompagné de charcuterie. Nous nous régalons.
Tracé sur Sitytrail - carte IGN - support androïd
Dimanche 13 mars
Le bilan de cette semaine savoyarde est au-delà de nos espérances : une météo exceptionnelle; un accueil irréprochable de Paul et Clotilde et des conseils pour découvrir dans les meilleures conditions la vallée du Beaufortain. Les moments de partage et de convivialité également avec les autres pensionnaires font de ce mode d’hébergement, un incontournable dans notre façon d’apprécier les vacances.