Samedi
Depuis le début juin, la chaleur étouffante du littoral morbihannais nous incite, pour un week-end, à profiter de la douceur climatique des Côtes d’Armor. Suite à une superbe exposition photographique en survol aérien au-dessus des côtes bretonnes au kiosque de Vannes, nous avons jeté notre dévolu sur le littoral trégorrois. Notre première journée sera consacrée à la visite de la petite cité de caractère de Tréguier et à une déambulation dans le jardin botanique remarquable de Kestellic.
Tréguier se situe au fond d’un estuaire visité par les marées. Ainsi quelques petits caboteurs viennent livrer du fret en amont du port de plaisance. Du port, nous remontons les ruelles bordées de maisons à colombages vers la cathédrale Saint-Tugdual. Sa flèche, en pierres ajourées de motifs de cartes à jouer, domine le cœur de la ville. A l’intérieur, le tombeau en pierre blanche de Saint Yves, honore le Saint patron des avocats.
Confortablement installés à la terrasse du bar-crêperie de la place du Martray, nous observons et nous contemplons l’architecture de l’édifice religieux en attendant l’ouverture du cloître. A 14h30 précises, nous entrons dans cet exceptionnel cloître gothique rayonnant du XVème siècle. Une exposition de sculptures en bois contemporaine due à l’artiste Irène Le Goaster a pris place dans le jardin intérieur et sous les arcades parmi les gisants et les pierres tombales de granit.
Nous déambulons dans les ruelles, les venelles et les placettes de cette petite ville où foisonnent les monuments religieux avant de redescendre vers le port. De Tréguier à Plouguiel, nous longeons les rives du Jaudy afin de rejoindre le jardin exotique du Kestellic. Construit et agencé à la fin du XIXéme siècle, le jardin présente plus de 1800 espèces végétales ramenées des quatre coins du globe par un riche commerçant et grand voyageur. Les allées du parc dominent les berges de la rivière. Au fil des cascades, des petits ruisseaux, la flore est exubérante et profite du microclimat de cette partie des Côtes d’Armor.
Avant de rejoindre notre chambre d’hôtes, au passage nous nous arrêtons dans le village de La Roche Derrien. Construit sur un promontoire rocheux, il surplombe l’estuaire du Jaudy. Quelques maisons à pans de bois indiquent un passé moyenâgeux prospère grâce au commerce du lin et des ardoises. L’accueil «chez Pascale et Christian» est exemplaire. La longère est située au milieu d’un grand parc arboré sur la commune de Langoat. Notre chambre est spacieuse et confortable. Après une pause, nous retournons sur la Roche Derrien située à quelques kilomètres où nous avons réservé notre dîner au restaurant «Le Rendez-vous».
Dimanche
Nous partageons notre petit déjeuner en compagnie d’un jeune couple d’italiens et de nos hôtes. La conversation multi linguale, mélange d’italo-franco-anglais, permet néanmoins d’aborder des thèmes fort diversifiés.
Après un début de séjour orienté sur l’art, l’architecture religieuse et médiévale et la botanique; nous allons consacrer cette deuxième journée à arpenter les chemins de randonnée autour de la commune de Plougrescant. Cette boucle de 16 kilomètres emprunte le sentier littoral GR34 et un chemin de petite randonnée balisé en jaune. Au départ de Beg ar Vilin, le sentier côtier remonte le long de la baie d’enfer et suit le ruisseau du Lizildry. Il est baptisé circuit des moulins et il laisse entrevoir quelques pans de mur de pierres envahis par la végétation, vestiges d’anciens moulins implantés le long du cours d’eau. Ensuite le PR alterne petites routes et chemins d’exploitations jusqu’au point culminant de Keraniou. La prétendue vue panoramique sur la côte de Granit rose est gâchée et masquée par l’implantation d’un hangar peu esthétique. La descente nous amène sur la grève de Ravély.
Les petites plages de sable fin succèdent aux chaos rocheux granitiques. Les maisonnettes enserrées entre les rochers semblent être des témoins de la résistance contre la montée inexorable des eaux. Et pourtant, elles paraissent pleines d’une vitalité à toute épreuve. La pointe du château franchie, nous nous retrouvons dans l’immense baie où se jettent les eaux du Jaudy. Ce milieu favorable à l’aquaculture est parsemé de tables où sont déposées les poches d’huîtres. A marée haute, seule la clarté de l’eau permet d’entr’apercevoir ces alignements conchylicoles. La météo ensoleillée mais sans chaleur excessive nous a permis de profiter pleinement de cette exceptionnelle côte de granit rose. Un seul regret : celui d’avoir laissé les serviettes et les maillots de bain à la maison car la clarté, la couleur et le calme de l’eau incitaient à la baignade.