Trois jours de festivités sous le soleil africain de Paimpol.
Après trois mois de temps purement breton, crachins, bruines, vent d'ouest, et j'en passe, le climat s'est mis au diapason de la musique du continent noir.
Comme les nomades bédouins, nous avons dressé notre campement au camping du Rohou.
Auparavant, nous parcourons les falaises paimpolaises, sur la commune de Plouézec.
La lande, couverte de fougères et de bruyères en fleurs, forme un contraste saisissant avec le bleu profond de la mer.
Dans les villages, les hortensias en fleurs ornent les murs de pierres des maisons trégorroises.
Après cette petite mise en jambes, il est temps de monter la tente et de se préparer pour le festival des chants de marin, édition 2007.
Un beau bracelet jaune autour du poignet, signe explicite des festivaliers au long cours, nous entrons dans l'enceinte du port de Paimpol, transformée pour l'occasion en village sonore, bigarré, odorant et populeux.
Sur la grande scène, Touré Kounda se produit.
Et tout de suite, l'ambiance monte d'un cran, les percussions, la chaleur de l'Afrique fait sa magie. Puis le zoulou blanc, Johnny clegg prend la suite.
Un concert super orchestré, où le chanteur se donne sans compter, dans une danse frénétique.
Un grand moment de musique. Nous rentrons épuisés au camping pour une bonne nuit réparatrice.
En ouvrant la tente, l'île de Bréhat apparaît en face, scintillant de tous les éclats de son granit.
En venant à Paimpol, nous ne pouvions passer à côté de cette perle rose de la côte armoricaine.
Nous débarquons à marée haute, au pied des ruelles du port clos.
Nous parcourons l'île, au hasard des bifurcations qui se présentent. Mais, attention aux vélos qui déboulent de partout. Car les voitures n'ont pas droit de cité dans ce petit joyau couvert de plantes et de fleurs exotiques. Ainsi les emblématiques agapanthes ont envahi la plupart des jardinets.
Avant d'attaquer le casse-croûte, rien de mieux qu'un bain de mer pour s'ouvrir l'appétit. Dans une eau revigorante, réfrigérante, très fraîche même, je parviens à allonger trois ou quatre brasses.Pendant ce temps, l'attraction lunaire a fait son œuvre. La mer s'est retirée, parsemant le littoral d'une multitude d'ilôts et de têtes rocheuses. Le bateau accoste au dernier quai, à plus de 800 mètres du port.
Rokia Traoré
La fête bat son plein lorsque nous arrivons. Les fanfares de rues battent le pavé, pour le bonheur du badaud, les groupes de chants de marin vocalisent sur les différentes scènes. Au cabaret, Gwennyn, révélation de la scène bretonne, chante la bretagne d'une voix mélodieuse. Nous traversons l'écluse pour écouter le groupe Cap-Horn qui attire toute notre attention. "Sur scène, l’instrumentation très riche, les solos teintés de country ou de jazz, les voix en harmonies et les histoires de marins vous emportent sur les mers du monde découvrir l’univers maritime, de Brest au Chili, de la Scandinavie à Marseille, de la tristesse du départ aux réjouissances du retour". Un groupe qui se démarque par sa qualité musicale et une autre approche des chants de marins.
Dès le concert terminé, nous nous rabattons sur un stand bio pour avaler un sauté de volaille et un curry de bœuf afin d'échapper aux sempiternelles moules-frites, thon-frites, merguez- frites et tutti-frites.
De retour au cabaret, nous assistons au show endiablée de la jeune ivoirienne Dobet Gnahoré. De sa souplesse féline à sa voix chaude et envoûtante, elle conquiert et fascine son public. Mais des problèmes techniques mettent prématurément fin à son récital. Alors, nous repassons l'écluse, pour assister au clou de la soirée, au concert de Nokia Traoré, la perle noire du Mali.
Le charme opère, pourtant agglutinés comme des sardines, (de quoi de plus naturel dans un port), nous nous balançons au rythme de l'extraordinaire musique à danser.
La position debout, la promiscuité, les douleurs lombaires, l'échauffement de la plante des pieds nous font abandonner la fête pour une position allongée et relaxante au fond de nos duvets.
Lura Cap-Verdienn
Qui l'eût cru, il y a quelques jours, ce matin le ciel est d'un bleu azur et la température a encore grimpé d'un cran. La magie africaine aurait-elle opérée jusqu'à la côte du Goëlo ?
A notre plus grand bonheur, nous parcourons le GR34 qui nous mène jusqu'au port de Loguivy de la mer. Nous découvrons toute la baie du Trieux, encadrée à l'ouest par le sillon de Talbert et à l'est par l'archipel de Bréhat. Pour notre pique-nique, nous savourons une délicieuse terrine de rillettes de daurade grise au gingembre, achetée la veille sur le festival.
En milieu d'après-midi, nous retrouvons, sous une chaleur torride, la grande scène de Paimpol où s'escriment par mots acérés et désopilants, les trois compères du TRIO EDF. Passant d'un instrument à un autre, ils font partager au public leur joie d'être sur scène. Un grand bonheur. Puis nous enchaînons avec Lura, chanseuse des îles du Cap-Vert.
Et, malgré une certaine lassitude au milieu du concert, la magie opère à nouveau. Sur des rythmes endiablés, Lura, de son charme torride et envoûtant, reconquiert son public et termine sous une salve d'applaudissements.
Une galette saucisse, une crêpe au sucre, une bouteille de cidre, nous clôturons notre séjour paimpolais sur une note gastronomique typiquement bretonne.
Et d'un commun accord avec Martine, nous portons une mention plus qu'honorable à la cuvée paimpolaise.
Je parlais du cidre, bien entendu. Car côté festival, côté météo, rien à dire ! Un régal.